Sexologues, psychologues, gynécologues et autres professionnels réunis à Marseille lors des premières journées AIUS/Sexogyn ont débattu sur le « sexe de la femme », de l’adolescence à l’âge adulte, et sur différentes thématiques relevant du genre, des troubles sexuels ou des violences faites aux femmes.
D’emblée, le débat est lancé sur la sexualité adolescente et ses difficultés. Mireille Bonierbale, pour introduire la réflexion sur l’hypersexualisation des petites filles, n’a pas hésité à choquer en montrant une vidéo sur le phénomène des mini-miss aux États Unis. Petites poupées de 4 ans, transformés en femmes pour satisfaire le rêve de leurs mères. « Elles ne sont dans le jeu, que quand elles entrent sur scène en compétition avec d’autres petites filles », a commenté Marcel Rufo, co-président de ces journées. Le célèbre pédo-psychiatre marseillais évoque au sujet de cet exhibitionnisme, « un sévice esthétique » avec un risque d’endommager durablement la construction de l’image de soi. Selon lui, il est « indispensable de jouer, en se déguisant en princesse ou en super-héros, cela aide les enfants à se construire et à construire leur identité mais pas en étant prisonnier des désirs de la mère ». Et si ces petites filles se tirent souvent sans dommage de ces sévices esthétiques, « on ne peut rien prédire », a-t-il lancé. Les plus vulnérables pourraient en subir de graves conséquences.
« Une épidémie de précocité pubertaire »
Dans la foulée, le Pr Charles Sultan a évoqué le problème de la précocité pubertaire, vers 8-9 ans, avec le début du développement mammaire. « Il s’agit d’un problème de société depuis une quinzaine d’années, qu’on peut qualifier d’épidémie, due à un ensemble de facteurs bien étudiés maintenant, comme la génétique, l’amélioration des conditions socio-économiques, le stress, et la pollution environnementale », a-t-il souligné. Diverses recherches menées au Danemark et aux États Unis notamment, ont étudié ce phénomène de précocité pubertaire, avec ses conséquences médicales comme le surpoids, le syndrome métabolique et autres mais aussi l’impact psychologique. Ces études révèlent que ces adolescentes souffrent d’une mauvaise estime de soi, d’une tendance dépressive, d’une grande vulnérabilité, de troubles du comportement alimentaire, et d’une entrée en sexualité plus tôt que les autres. « Ce sont de petites poupées avec un cerveau d’enfant, assure Charles Sultan. Je suis frappé en consultation, du travestissement de ces petites filles avec des strings, et soutien-gorge push up à 6, 7 ans. Cela concourt à un exhibitionnisme plus grand, la recherche de garçons plus âgés. Elles sont soumises au phénomène de mode, et là, l’environnement familial est déterminant. » À 14 ans, assène-t-il, « 72 % de ces jeunes filles précoces ont déjà eu des rapports sexuels ». Aux Antilles, les équipes de santé publique ont même lancé une alerte pour avoir constaté 4 grossesses en primaire. Le professeur de l’université de Montpellier s’insurge : « De par leur immaturité émotionnelle et psychologique, ces enfants ne sont pas préparées à vivre cette entrée en sexualité précoce, elles sont souvent en rupture avec leurs groupes de pairs et ont de plus en plus des troubles du comportement agressifs et parfois délinquants. » Il prévient : « Pour l’instant, on ne sait pas si cette hypersexualisation avec son cortège de problèmes, est une cause ou une conséquence de cette accélération pubertaire. Nous sommes à l’aube d’un problème important, qui mérite une attention particulière de la société tout entière. » Il demande que soient prises des mesures de prévention.
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