L'empathie est un concept très étudié, à la mode, et définie comme « si nous étions l'autre sans être l'autre ». C'est se mettre à la place de l'autre tout en restant soi-même. En psychologie, ce concept alimente un long débat sur le fait de savoir si l’empathie est un peu plus affective ou cognitive. L'empathie affective concerne le partage des émotions ressenties et l'empathie cognitive consiste à envisager le point de vue de l'autre. Depuis quelque temps, il existe un consensus sur le fait que l'empathie globale englobe les deux notions, affective et cognitive. Ce seraient les deux facettes d'un même phénomène. On a alors décrit deux sous-dimensions pour chaque notion.
- L'empathie affective comprendrait le souci empathique (« je me sens bien quand ma ou mon partenaire se sent bien ») et la détresse personnelle (« je suis profondément sensible aux émotions négatives de l'autre, je suis une éponge »).
- Dans l'empathie cognitive, l'observateur se met à la place de l'autre et adopte son point de vue, il peut ressentir des émotions mais il décentre ces émotions, car ce n'est pas lui qui souffre, c'est l'autre. Les émotions sont régulées. On décrit deux sous-dimensions à l'empathie cognitive : la fantaisie (la personne est capable d'imaginer une scène sexuelle avec sa ou son partenaire tout en sachant que ça reste imaginaire) et la prise de perspective (« je peux comprendre quels sont les besoins de l'autre »).
Des résultats surprenants
Pour savoir comment ces notions sont liées à la satisfaction sexuelle, 167 sujets qui avaient un partenaire sexuel ont été recrutés pour répondre à deux questionnaires : l'un évaluant l'empathie globale et ses quatre sous-dimensions, l'autre la satisfaction sexuelle subjective.
Les résultats ne montrent pas de lien entre le niveau d'empathie globale et la satisfaction sexuelle. Cela reflète-t-il un aspect un peu flou de la notion d'empathie globale, sans prendre en compte les aspects bidimensionnels ? En revanche, si on considère les dimensions de l'empathie, deux résultats sont intéressants.
Le premier révèle que la dimension de détresse personnelle est nettement plus élevée chez les sujets insatisfaits sexuellement (sans différence femme/homme). L'autre que les femmes et les hommes (surtout eux) qui ont des difficultés de prise de perspective cognitive – c'est-à-dire des difficultés à comprendre ce que ressent leur partenaire – sont plus insatisfaits.
Cette étude suggère des perspectives thérapeutiques en sexothérapie si on prend en charge la composante émotionnelle négative pour travailler sur une régulation émotionnelle ainsi que le manque de perspective chez les hommes insatisfaits.
D'après la communication de la Dr Claire-Marie Best, psychologue, Paris
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