On vit de plus en plus longtemps, en bonne santé, autonome et à son domicile. C’est une bonne nouvelle ! Le problème de la dépendance existe, évidemment, mais atteint statistiquement peu d’individus puisque 7 % des sujets de plus de 60 ans sont aujourd’hui dépendants en raison d’une maladie invalidante (dont plus des deux tiers avec une maladie d’Alzheimer ou une autre forme de démence). Au niveau collectif, l’âge de la vieillesse est surtout une affaire de représentation sociale. En France, un individu d’une cinquantaine d’années est perçu comme vieux dans l’emploi alors qu’il rajeunira quelques années plus tard quand il deviendra un jeune retraité actif et en bonne santé. En outre, la poussée démographique impose une place de plus en plus importante aux personnes âgées, notamment au point de vue économique. « On peut donc, résume le Pr Gérard Ribes, affirmer que la vieillesse comme catégorie d’âge n’existe pas en soi mais procède d’une construction sociale qui s’insère dans un contexte précis. Vieillir, c’est accompagner son cerveau et son corps dans une optimisation de soi-même au fil des ans ».
L’agilité intellectuelle, un garant du bien vieillir
Une étude sur 500 000 américains et Européens de l’ouest montre, qu’à condition d’avoir un niveau de santé correct, les personnes de 70 ans sont aussi heureuses que celles de 20 ans (1). Plusieurs facteurs influencent un vieillissement harmonieux. Dans la célèbre étude longitudinale de Seattle (2), les auteurs ont relevé que le risque de déclin des fonctions cognitives avec l’âge se réduit en cas d’absence d’atteinte cardiovasculaire, d’un environnement socioculturel, intellectuel et économique favorable, de la présence d’un conjoint présentant des fonctions cognitives intactes. Les individus qui conservent une agilité intellectuelle restent curieux, au fait de l’actualité. Les sujets qui présentent un déclin cognitif manifestent généralement peu d’intérêt pour le mode extérieur.
Autre facteur essentiel de longévité : l’humour. D’après William Fry, l’humour encourage la créativité et stimule l’activité cérébrale. Le rire oxygène le cerveau. « L’humour, explique le Pr Ribes, est le témoin de l’existence de mécanismes de défense matures qui permettent aborder différentes situations avec distanciation ».
Troisième élément pour un vieillissement heureux : l’exercice physique. Son effet est positif sur la tension artérielle, le sommeil, l’anxiété, la sensation de bien-être, l’assurance de soi... et la relation effet dose sur le cerveau est directe. La sexualité, activité physique certes a minima, y participe. La qualité de la relation de couple et notamment de la relation sexuelle est corrélée avec la santé dans de nombreuses études (3). L’arrivée à la retraite des baby-boomers est en train de révolutionner la question ; ce sont des individus qui se sont construits en considérant la sexualité comme un élément important du développement. « Il est évident que la qualité de la relation sexuelle repose sur le charme, la séduction, la complicité et les projets communs, insiste le Pr Ribes, qui conclut en citant Ingmar Bergman : la vieillesse est comparable à l’ascension d’une montagne. Plus vous montez, plus vous êtes fatigué et hors d’haleine, mais combien votre vision s’est élargie ! ». Restons optimistes !
Communication du Pr Gérard Ribes, psychiatre, gériatre, université de Lyon.
(1) Blanchflower D.G et al. Is Well-being U-Shaped over the Life Cycle? Soc Sci Med. 2008 Apr ;66(8):1733-49.
(2) Schaie K, Baltes, P. Intellectual development in adulthood. The seattle longitudinal Study. 1998.
(3) Umberson D et al. Marital quality, Health, and Aging : Gender Equity? J. Gerontol 2005;2:109-12.
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