L’incontinence urinaire féminine est un problème très fréquent : selon les études, son incidence est de 10 à 57%, un chiffre qui croît avec l’âge. Trois millions de femmes seraient concernées en France, une sur deux parmi la population très âgée. Mais elle touche également des femmes jeunes, avec une prévalence de 12% dans la tranche d’âge 20-29 ans selon les données d’une récente étude norvégienne. «?Il est difficile d’avoir une connaissance précise de l’épidémiologie de l’incontinence, qui reste un sujet tabou, abordé spontanément en consultation par moins d’une femme sur deux. Il est donc essentiel que les praticiens, notamment les médecins généralistes et les gynécologues médicaux, posent à leurs patientes la question de la qualité de la continence. Selon les données du réseau sentinelle de l’INSERM (mai 2010), plus de 60 % des femmes ayant une incontinence urinaire n’en avaient jamais parlé à leur médecin, précise le Dr?Florence Cour. Son dépistage est particulièrement important en périménopause, où la carence estrogénique aggrave des troubles préexistants, mais aussi chez les sportives jeunes, chez les femmes exposées aux efforts dans un cadre professionnel, ou chez celles ayant pris brutalement du poids. »
L’interrogatoire permet de préciser s’il s’agit d’une incontinence d’effort (30%), d’une urgenturie (30%) ou, le plus souvent, d’une forme mixte (40% des cas). L’examen clinique sera complété au moindre doute par une échographie, une cytologie urinaire et une endoscopie vésicale chez les femmes fumeuses ou exposées à un tabagisme passif ayant une incontinence par urgenturie, afin d’éliminer un cancer débutant.
Dans l’incontinence urinaire d’effort.
La rééducation périnéale représente le traitement de première intention de l’incontinence urinaire d’effort. Une quinzaine de séances suffit en général pour apprécier son impact sur les troubles. «?Cette rééducation doit être réalisée par un kinésithérapeute ou une sage-femme ayant une bonne expérience de la rééducation manuelle?»,
insiste le Dr Florence Cour. Une perte de poids sera préconisée en cas de surcharge pondérale. Chez les femmes ménopausées, un traitement hormonal local est proposé parallèlement à la rééducation, après pratique d’un frottis et après accord de l’oncologue en cas d’antécédent de cancer du sein. «?Cette stratégie a pour rationnel l’existence de récepteurs estrogéniques au niveau du bas appareil urinaire. Les formes galéniques en crème sont souvent plus faciles d’emploi que les ovules, en particulier pour les femmes plus âgées?», note le Dr?Cour.
En cas d’urgenturie.
En cas d’incontinence urinaire par urgenturie, avec un bilan normal (échographie et cystoscopie), la rééducation périnéale est également préconisée. Une rééducation comportementale est de mise : ne pas se retenir d’uriner, vider complètement sa vessie sans forcer, adapter le rythme et la quantité de boisson aux possibilités d’aller aux toilettes. « Un traitement par anticholinergiques peut être associé en cas d’échec, sous réserve de respecter les contre-indications (glaucome à angle fermé essentiellement). Les effets secondaires tels que bouche sèche et constipation sont une source d’arrêt du traitement, mais ces effets indésirables tendent à s’estomper avec le temps?», note le Dr Cour. En deuxième intention, et après un bilan urodynamique, le traitement de l’urgenturie, dont l’impact sur la qualité de vie peut être majeur, fait appel à la neuromodulation.
Les options chirurgicales.
En cas d’incontinence urinaire d’effort, lorsque l’examen clinique retrouve une hypermobilité urétrale et que le sphincter est correct, la pose de bandelettes sous-urétrales (BSU) peut être proposée. «?Il s’agit d’un acte chirurgical, qui ne doit pas être
banalisé et doit être réalisé par un chirurgien entraîné. Lorsque l’indication est bien posée et que le geste est réalisé selon les règles de l’art, les BSU permettent la guérison dans 90?% des cas?», rapporte le Dr Cour, avant de rappeler que si l’insuffisance sphinctérienne prédomine, la pose de BSU n’est pas efficace. Le traitement de référence de l’insuffisance sphinctérienne est la mise en place d’un sphincter artificiel. Les ballons péri-urétraux (pas encore remboursés chez la femme) constituent une bonne alternative dans les insuffisances sphinctériennes modérées, en particulier chez les femmes âgées de plus de 75 ans.
D’après un entretien avec le Dr Florence Cour, hôpital Foch, Suresnes, membre du conseil d’administration de l’Association française d’urologie (AFU).
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