Après les cancers du sein et colorectaux, le troisième programme de dépistage national organisé des cancers en France s'attaque au cancer du col de l’utérus. Il a été acté dans le Plan Cancer 2014-2019 et préparé en 2018 par les autorités de santé publique.
Le dépistage tous les 3 ans entre 25 et 65 ans est actuellement recommandé (après deux premiers tests négatifs à un an d'intervalle), que les femmes soient vaccinées ou non. Il existe environ 3 000 cancers du col de l'utérus par an en France et il s'agit d'un cancer de la femme jeune (INCa). Ces cancers ne diminuent plus dans les pays développés et le taux de survie à 5 ans après diagnostic a chuté. Plus de 1 100 femmes en décèdent chaque année.
Au niveau organisationnel, l'enjeu est d'attirer vers le dépistage les femmes qui n'y participent jamais. Environ 60 % des femmes se font dépister plus ou moins régulièrement mais ce chiffre cache de grandes disparités notamment socio-économiques. Environ 17 millions de femmes de 25-65 ans sont concernées et bénéficieront donc d'un dépistage régulier du cancer du col de l'utérus. Les femmes qui n'ont pas réalisé de frottis cervico-utérin (FCU) dans les 3 années précédentes seront invitées par courrier à se rendre chez un médecin ou une sage-femme pour l'effectuer. Toutes celles (invitées ou ayant participé d'emblée) présentant un test de dépistage positif seront suivies.
Il s'agit aussi d'améliorer l'information vis-à-vis des professionnels de santé et des femmes autour de ce dépistage, de le rendre équitable sur tout le territoire, d'améliorer l'assurance-qualité au niveau des prélèvements (brossettes, milieux de prélèvements), du suivi (stratégies additionnelles comme l'autoprélèvement) et des soins. Les gynécologues, médecins traitants et sages-femmes seront principalement impliqués, en lien avec les centres régionaux de coordination des dépistages des cancers, impliquant aussi les pathologistes et biologistes.
Après réalisation d'un FCU, l'examen de dépistage reste pour l'instant l'examen cytopathologique, avec une prise en charge à 100 % par l'Assurance maladie.
Des évolutions à prévoir
À terme, il s'agira d'introduire le test HPV en dépistage primaire, comme cela est initié dans de nombreux pays. Pour rappel, seule une infection à HPV persistante sur plus d'un an est à risque. Après le FCU, c'est un test HPV qui sera réalisé (avec génotypage partiel ou plus complet). En cas de positivité, il sera suivi d'un second test, dit de triage (lire ci-dessus), sans reconvocation de la patiente grâce aux milieux liquides de prélèvement. Le test de triage le plus utilisé actuellement reste l'examen cytologique. D'autres sont à l'étude (p16/Ki67, méthylation…).
La cytologie deviendrait donc ici un test diagnostique (meilleure spécificité) et ne serait plus un test de dépistage (sensibilité moins performante). Le test idéal n'existant pas, un nouvel algorithme de dépistage devra donc être établi selon la présence de tests positifs ou négatifs, avec une stratification du risque, un suivi adapté de la patiente, sans surtraitement. Au niveau de la santé publique, les bénéfices attendus sont conséquents : diagnostic plus précoce des lésions cervicales, traitements moindres, diminution de l'incidence et de la mortalité des cancers du col utérin.
Entretien avec la Pr Christine Clavel, CHU Reims, INSERM UMRS 1250, URCA (Université de Reims Champagne-Ardenne).
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