• Pierre Le Coz : l’alternative des banques de sang de cordon

Publié le 10/02/2011
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Le vice-président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), rapporteur de l’avis n° 107 sur « les problèmes éthiques liés aux diagnostics anténatals » (2 009), considère que « l’enfant médicament » ne peut être qu’une « solution compassionnelle d’ultime recours ». « Le comité avait déjà réfléchi à cette question en 2003. Il avait répondu favorablement et nous n’avons pas modifié notre doctrine. Il indiquait toutefois que ce principe constitue une transgression forte puisque l’on transforme un enfant en instrument thérapeutique pour un tiers », souligne-t-il. Et même si on en améliorait la technique (le CCNE note qu’aux taux d’échec du DPI, s’ajoute le faible nombre d’embryons à la fois indemnes de la maladie et HLA compatibles), ce ne serait « qu’une solution par défaut », au regard du risque psychologique pour les deux enfants, le sauveur et le sauvé. Pour le comité, le développement des banques de sang de cordon est « la piste majeure la plus en vue qui s’offre à l’heure actuelle » pour offrir des alternatives thérapeutiques. « Et je regrette qu’à l’occasion de cette naissance, ce ne soit pas l’occasion de se demander comment on en est arrivé là », poursuit le philosophe. « Cela nous ramènerait à la question de l’insuffisance des banques de sang de cordon en France ». Lespécialiste d’éthique médicale estime déplorable que l’on s’interdise, par principe, de mobiliser des fonds privés pour développer les banques de sang de cordon dans un partenariat public-privé. « On se retrouve dans des systèmes aberrants ». Pourquoi ne pas accepter un financement sous contrôle, « dans le cadre d’un protocole très strict où les banques privées seraient soumises à des conditions de validation ? », s’interroge-t-il. « On pourrait ainsi se donner les moyens de recourir à des alternatives ».

• Joëlle Belaisch-Allart : un problème spécifique

Sans remettre en cause la première médicale du bébé du double espoir, la présidente du Groupe d’étude de la fécondation in vitro en France (GEFF) estime toutefois qu’elle ne concerne que des cas rares. « Aujourd’hui, il y a une menace bien plus grave : c’est celle qui pèse sur la pratique de la congélation de l’embryon », insiste-t-elle. « Et cette pratique concerne presque toutes les fécondations in vitro ! ». La probable autorisation de la vitrification ovocytaire (actuellement inscrite dans le projet de révision de la loi bioéthique) ne constitue « en aucun cas une alternative à la congélation embryonnaire », prévient la gynécologue-obstétricienne. « Son interdiction ou sa limitation aurait des conséquences désastreuses pour tous les couples pris en charge en assistance médicale à la procréation avec une diminution des taux de grossesse et une augmentation des grossesses multiples » dommageable pour la santé de la mère comme celle de l’enfant. À l’occasion de la naissance du bébé du double espoir, le Pr Frydman, auteur des bébés français à partir de la congélation d’ovocytes s’est également dit consterné devant les amendements qui consisteraient à interdire la congélation embryonnaire.


Source : Le Quotidien du Médecin: 8904