En charge de l’évaluation qualitative du programme « personnes âgées en risque de perte d’autonomie », un programme expérimenté depuis 2013 dans neuf territoires pilotes et étendu depuis juin 2016 à 16 territoires, la DREES épingle la grande hétérogénéité des premiers résultats, selon les territoires et selon les acteurs.
Rien d’étonnant à cela quand on rappelle que sont censées piloter de conserve quantité de partenaires, administratifs et professionnels : direction de la Sécurité sociale, direction de l’offre soins, direction de la cohésion sociale, direction générale de la santé, délégation à l’information et à la communication, Haute autorité de santé, agences régionales de santé, conseils départementaux, Caisses nationales de l’assurance-maladie, de l’assurance-vieillesse et de solidarité pour l’autonomie, unions régionales des professionnels de santé, agence d’appui à la performance des établissements de santé, agence des systèmes d’information partagée de santé. Les gouvernances varient selon les territoires. Leurs appellations sont diverses, elles s’appuient des organisations existantes ou des instances nouvelles qui ne sont pas toujours de nature à renforcer les coopérations. Souvent même, « les instances de gouvernance sont juxtaposées sans cohérence et créent des effets de compétition ».
Les hôpitaux freinent aussi les avancées du programme. Dans le collimateur de la DRESS, la tarification à l’activité (T2A) maintient la norme de l’autonomie des services et la durée moyenne de séjour (DMS), entravant la visée d’un décloisonnement des secteurs. Malgré le renforcement des équipes mobiles de gériatrie, qui produit des effets positifs mais reste insuffisant pour transformer profondément les pratiques hospitalières, c’est tout le champ hospitalier qui « semble résister à une mobilisation dans les programmes. »
Au cœur de l’objectif de coopération des acteurs, les transitions hôpital-ville-EHPAD sont également problématiques, « inégalement déployées et occasionnant des ruptures de parcours de santé évitables ». Les avancées de PAERPA sont freinées à la fois par l’insuffisance du nombre de places disponibles, ainsi que par des « procédures de mobilisation et d’articulation des partenaires dont les cultures, les besoins et les pratiques sont décalés ».
Les libéraux ambassadeurs de PAERPA
Dans ce qui ressemble fort à une usine à gaz, ce sont les professionnels de santé libéraux qui portent les chances de réussite du programme par leur mobilisation. À la fois concepteurs des actions et des outils, dans certains territoires, ils mobilisent des professionnels qui jouent un double rôle de leaders expérimentateurs et d’ambassadeurs locaux. Ils constituent les leviers de la réussite, par un effet d’entraînement et de démonstration. Des réunions organisées avec les organismes gestionnaires de développement professionnel continu (OGDPC) stimulent l’implication des PSL, mais si elles sont programmées trop tôt, elles risquent, faute d’arguments concrets, de décourager les libéraux.
La DRESS, entre autres recommandations, préconise donc d’éviter des campagnes de communication et de mobilisation trop précoces et d’insister sur les bénéfices réels et concrets des outils PAERPA, à la fois pour les patients et pour les professionnels de santé.
Un nouveau bilan, réalisé par l’IRDES, quantitatif celui-là, est attendu pour la fin de l’année. À partir d’un atlas des indicateurs ambulatoires et hospitaliers, il mouline une lourde base de données qui devrait permettre de mesurer l’impact global et territorial de PAERPA, en particulier sur le nombre des hospitalisations évitables, les polyprescriptions et les polymédications.
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