Initié par l’Équipe Mobile Hépatites du centre hospitalier de Perpignan, le défi est de taille. Il s'agit d'augmenter le nombre de personnes précaires dépistées et traitées pour l’hépatite C par des séances test to treat.
Actif depuis 2013 sur la zone du groupement hospitalier de territoire Aude Pyrénées, ce projet propose un accès direct au diagnostic et au traitement de l’hépatite C. La démarche passe par l’utilisation du système Xpert® de CEPHEID qui permet, par un prélèvement sanguin au doigt, de mesurer en temps réel la charge virale C. « C’était la seule chose qu’on ne pouvait pas faire jusque-là, explique le docteur André-Jean Rémy, hépato-gastro-entérologue et coordinateur de l’Équipe Mobile Hépatites. En passant par un laboratoire, il fallait entre 7 et 10 jours pour avoir le résultat. »
Mesurer la charge virale en temps réel
Avec ce nouveau système, la mesure de la charge virale est connue en moins d’une heure (58 minutes). Ce gain de temps rend dès lors possible le développement de modes de prise en charge « tout en un ». En une séance de 5 à 6 heures, l’équipe médicale peut « faire le diagnostic initial avec le TROD (test d’orientation au diagnostic), confirmer une infection active avec la mesure de la charge virale, mesurer la fibrose du foie par fibroscan, faire une évaluation sociale, une session d’éducation thérapeutique » détaille le docteur André-Jean Rémy. Les résultats sont ensuite transmis par télémédecine au médecin référent pour valider la prescription et enfin, si le test est positif, mettre en place un traitement dans la journée.
L’efficacité de cette expérimentation tient à une meilleure coordination des soins entre professionnels de santé et à la proximité avec les patients qui, malgré les progrès thérapeutiques, ont un accès encore limité au diagnostic et au traitement du VHC. Cela inclut les usagers de drogues, les personnes détenues et sortantes de prison, vulnérables et sans abri, migrants et malades psychiatriques. Dans ce but, une équipe composée d’un infirmier, d’un assistant social et d’un médiateur social se déplace deux fois par semaine dans les établissements cibles tels que les CSAPA, CAARUD, restos du cœur ou encore les banques alimentaires.
Diminuer la prévalence
Grâce à cette procédure, alliant proximité et immédiateté, le Dr André-Jean Rémy espère notamment diminuer le nombre trop important de perdus de vue durant la phase de dépistage des patients. Cette perte est le fait des nombreux rendez-vous nécessaires et des semaines d’attente entre le début de la prise en charge et le début du traitement. « Il vaut mieux un rendez-vous de 5 heures que 5 rendez-vous d’une heure, constate-t-il, sinon la prise en charge se fait en pyramide inversée et on en perd à chaque fois. Si on donne un rendez-vous pour le fibroscan puis un rendez-vous pour la charge virale et ainsi de suite, vous allez perdre entre 40 % et 50 % des patients. »
L’inclusion du premier patient en octobre 2019 marque le début de cette expérimentation qui devrait durer deux ans. À terme, le Dr Rémy espère voir avec l’amélioration de la prise en charge des patients « une diminution progressive de la prévalence » et ainsi permettre la généralisation de sa démarche sur l’ensemble du territoire.
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