SAIT-ON que plus du tiers des nouveaux cas d’infection VIH (32 % en France) en Europe le sont chez des femmes ? Que le sida est devenu la principale cause de décès chez la femme en âge de procréer ? Pourtant l’accent est rarement mis sur l’infection féminine qui progresse pourtant plus vite que l’infection masculine.
Une vulnérabilité plus grande
Une négligence d’autant plus préoccupante que les femmes apparaissent particulièrement vulnérables à l’infection VIH, au-delà même des caractéristiques biologiques. À commencer par les violences sexuelles plus ou moins graves : on estime qu’à travers le monde 70 % des femmes ont été contraintes à des rapports non protégés. Avec des conséquences qui peuvent être catastrophiques.
Plus grande vulnérabilité psychosociale aussi, en particulier chez les migrants et dans les milieux défavorisés : ignorance, peur de la stigmatisation (qu’elle soit violée ou séropositive une femme pauvre passe vite de l’état de victime au statut d’accusée). Difficulté d’accès aux soins… Tout contribue à des diagnostics trop tardifs.
SHE : le soutien par les pairs.
Ces constats ont conduit à l’élaboration du programme SHE (Strong, Hiv positive, Empowered women), coordonné par des scientifiques et des femmes touchées par l’infection, afin de mieux informer et, surtout de soutenir les femmes séropositives. Un site internet et un matériel pour l’animation de groupes de pairs étant l’ossature de ce projet qui touchera 7 pays européens dont la France.
L’intervention des pairs est essentielle, a souligné le Pr Jane Anderson (Londres) pour informer sur les règles et les enjeux d’une prise en charge optimale, pour vaincre les peurs et les tabous, pour affronter la maladie mais aussi les pressions et stigmatisations. Les pairs ne sont pas des concurrents des thérapeutes, au contraire, conclut le Pr Anderson. Comme l’a déclaré le Dr David Butcher (Directeur médical HIV, Europe), BMS est fier de soutenir cette initiative qui, on peut l’espérer, fait reculer une discrimination de plus dont sont victimes les femmes.
En sachant qu’un laboratoire a aussi – et surtout – le devoir de réaliser des études pour mettre en évidence l’efficacité et la tolérance de ses produits dans la population féminine. Or la plupart des grands essais n’analysent pas les spécificités de l’infection féminine.
Pour combler ce déficit, BMS a présenté à Rome les résultats d’une étude observationnelle portant sur 1 294 patients (336 femmes et 958 hommes) prétraités et mis sous atazanavir boosté (Reyataz) entre octobre 2006 et mars 2007. Cette étude rétrospective a été réalisée en Allemagne, en Suède et en France (banque de données DatAids).
Plus d’arrêts de traitements… mais même efficacité.
Le principal enseignement de la sous-analyse par sexes est que le taux d’échecs virologiques à trois ans est comparable chez les femmes et chez les hommes (p = 0,612 en analyses multi variées) et qu’il en va de même pour la tolérance globale (chez les femmes les nausées et les ictères sont retrouvés dans moins de 1 % des cas, les diarrhées dans 2 % et les lipodystrophies dans 5 % des cas).
Par contre les arrêts de traitements sont plus fréquents à trois ans (52 % contre 40 %) ce qui confirme le résultat d’autres études et illustre la nécessité d’une meilleure analyse et gestion de la prise en charge de l’infection féminine (la grossesse n’expliquant que 2 % des arrêts de traitement). Le programme SHE s’inscrit dans ce cadre.
(1) Conférence de presse organisée par Bristol Myers Squibb
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