Signe des temps, une session spéciale de cette conférence plutôt réservée à la recherche fondamentale et aux avancées de la recherche thérapeutique et vaccinale, a été accordée à la prévention, « un domaine où, depuis 18 mois, il y a eu beaucoup de résultats et pas mal d’optimisme », a expliqué le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l’Agence française de recherches sur le sida, interrogé par l’AFP.
L’étude HPTN 052 sur les couples sérodiscordants, publiée au mois de mai dernier a en effet suscité beaucoup d’espoir : un traitement précoce peut réduire de 96 % la transmission du virus d’une personne infectée à un partenaire non atteint. L’étude CAPRISA 004 sur le gel vaginal contenant du tenofovir, présentée lors du congrès de Vienne en juillet 2010, avait déjà confirmé l’efficacité des antirétroviraux en prévention.
Il ne s’agit plus seulement de « travailler sur les traitements et la réduction de la morbidité, a souligné le Pr Jean-Michel Molina, chef de service des maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Louis. On a peut-être les outils à notre disposition pour contrôler l’épidémie ».
À terme, les chercheurs espèrent même « éradiquer le virus » : « Tous les grands organismes de recherche ont mis à leur agenda l’éradication virale ou "functionnal cure", c’est-à-dire le contrôle total du virus cependant toujours présent », a expliqué le Pr Molina. Ce projet constitue, selon le Pr Delfraissy, « une nouvelle frontière, une vision pour la recherche dans les dix ans ».
Un tournant.
Pour l’heure, l’IAS, par la voix de son président, le Dr Elly Katabira, se réjouit de cette nouvelle approche associant prévention biomédicale et non biomédiale : « Je me réjouis que cette édition 2011 accueille pour la première fois des chercheurs en sciences sociales pour nous éclairer sur les stratégies préventives futures. » Cette édition devrait, a-t-il estimé, « marquer un tournant ». Stefano Vella, coprésident de cette sixième édition, partage lui aussi cet enthousiasme même s’il tempère en faisant observer que beaucoup de pays touchés ont encore du mal à mettre en place des programmes de traitement et de prévention.
Rome 2011 survient juste dix ans après Durban 2001, la conférence où Kofi Annan lançait son appel en présence de Nelson Mandela, qui fête aujourd’hui son 93e anniversaire (une Journée Mandela est désormais reconnue par l’ONU). Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme était alors créé afin de financer l’accès aux antirétroviraux dans les pays du Sud. Le Pr Michel Kazatchkine, son président, assure que, pour la première fois, on pouvait « vraiment envisager la fin de l’épidémie ». Toutefois, « neuf millions de personnes sont toujours en attente d’un traitement », a prévenu Michel Sidibé, directeur exécutif de l’ONUSIDA : « Certains prétendent que le recours aux traitements comme outils de prévention est trop coûteux, trop risqué et non justifié. Ce qui clairement serait coûteux, risqué et injustifié, serait l’inaction. »
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