LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN - Vous êtes le seul médecin de l’ancienne majorité à être réélu au premier tour. Comment l’expliquez-vous ?
JEAN LEONETTI - Plusieurs facteurs entrent en jeu. Bien sûr, la sociologie de la circonscription compte mais il y a aussi le contexte : quand on est candidat UMP, c’est plus difficile d’être élu quand le président de la République, socialiste, appelle à voter pour avoir une majorité forte. Sortant du ministère des Affaires Européennes, j’ai centré ma campagne dans la circonscription d’Antibes sur l’ouverture à l’international et la protection de notre territoire. Enfin, un médecin a une réputation de proximité, d’écoute, et de « bienveillance ». Ce n’est pas un hasard si beaucoup entrent en politique. Ils ont acquis une notoriété locale et une image positive.
Vous êtes l’auteur de la loi sur la fin de vie. Vous avez été président de la fédération hospitalière de France (FHF). Quels sont les thèmes que vous comptez défendre comme député ?
J’ai déjà pris beaucoup de positions. Sur la loi sur la fin de vie d’avril 2005, révisée en 2008, je suis opposé à l’autorisation et à la dépénalisation de l’euthanasie. Ce sera un sujet qu’on abordera avec les socialistes : je n’ai toujours pas compris ce qu’ils veulent ! Tantôt François Hollande se prononce contre l’euthanasie, tantôt Marisol Touraine évoque une orientation vers l’euthanasie. Je m’intéresserai également aux lois de bioéthique, dont j’ai été rapporteur : elles sont remises en cause par la gauche alors qu’on les avait votées pour 7 ans. Le débat pourrait se réouvrir sur des sujets auxquels nous sommes opposés, comme les mères porteuses, l’expérimentation sur l’embryon et la levée de l’anonymat pour le don de gamètes.
Enfin en tant que président de la FHF, j’ai défendu une maîtrise qualitative médicale et non comptable. Je continuerai dans cette voie avec une idée simple : la médecine doit être ouverte à tous et de qualité.
Sur l’hôpital, comment réagissez-vous aux engagements de François Hollande qui veut sortir de « l’hôpital-entreprise », réviser la T2A, et supprimer la convergence tarifaire ?
Ce ne sont pas des objectifs en soi. Bien sûr que l’hôpital n’a jamais été une entreprise commerciale ! On constate néanmoins que les hôpitaux qui sont bien gérés sont aussi les plus performants sur le plan médical. Quant à la convergence tarifaire, il faut qu’on applique à conditions égales les mêmes règles pour le public et pour le privé. L’erreur est d’imposer au public les règles du privé en lui donnant des obligations de service public supplémentaires. Je suis pour la continuation d’une remise à plat pragmatique qui a commencé.
En revanche je m’opposerai à l’obligation d’installation des médecins. C’est une rupture du contrat passé avec les médecins en formation et c’est inefficace. L’avenir est dans les maisons médicales !
À chaque fois que la gauche fait des propositions, elle le fait sur le terrain de l’idéologie. L’ensemble des médecins à l’Assemblée nationale comprendront qu’on ne fait pas de la médecine avec de l’idéologie, mais avec cette éthique du quotidien liée à la pratique médicale.
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