LE QUOTIDIEN - Vous avez été élu dès le premier tour avec 50,92 % des voix. Quelles vont être vos premières décisions ?
JEAN-PAUL BACQUET - Localement, je vais continuer le travail de terrain que je mène depuis 1997, date de ma première mandature. Au niveau national, je vais certainement reprendre mon rôle de rapporteur du budget extérieur à la commission des Affaires étrangères et continuer à me préoccuper de santé, notamment des questions de désertification médicale et de dépassements d’honoraires.
Justement, vous avez exercé la médecine en secteur I pendant 35 ans. Quel regard portez-vous sur ces problématiques et que préconisez-vous ?
Les dépassements d’honoraires que pratiquent certains médecins sont totalement irrationnels. Nous sommes aux antipodes de ce que le tact et la mesure peuvent tolérer. Plus que par l’attitude de confrères, je suis surtout révolté par le manque de réaction de l’assurance-maladie. Savez-vous ce que pense le directeur de la CPAM du Puy-de-Dôme des dépassements disproportionnés de certains actes de chirurgie ? Que c’est tout à fait normal. « Un praticien qui exerce en secteur II fait ce qu’il veut », m’a-t-il un jour expliqué en substance. Des propos tout à fait scandaleux. Pour en finir avec ces pratiques excessives, je prône une limitation drastique et le déconventionnement.
Vous défendez une ligne de fermeté vis-à-vis de vos confrères libéraux. Parviendrez-vous à vous faire entendre à l’Assemblée ?
Ce n’est pas une question de nombre de députés médecins mais de choix et d’implication politique. Faire le choix de limiter les dépassements d’honoraires va de pair avec une revalorisation de l’acte médical. Ces deux points sont à relier à la problématique des déserts médicaux. Pour faire moins d’actes, pour rationaliser les dépassements, il faut être entouré de plus de confrères. Soit exactement ce que souhaitent les médecins en exercice.
Quant à la frilosité politique, elle existe, au point que l’Ordre des médecins a dû sortir de sa réserve habituelle pour faire des propositions à notre place ! Je félicite d’ailleurs le CNOM pour cette initiative, qui a permis de s’extirper du malaise dans lequel nous étions plongés par notre silence. L’Ordre a pris conscience des enjeux qui se profilent et s’est exprimé en conséquence.
À vous entendre, les négociations à venir entre le gouvernement et les syndicats de libéraux s’annoncent musclées…
Il y aura bien entendu une phase de concertation avec les syndicats mais s’il faut aller plus loin, nous irons plus loin. Assez de ces petits corporatismes personnels quand il est question d’enjeu national ! Les médecins sont redevables envers la communauté, envers les patients et contribuables qui ont payé leurs études et qui les font toujours vivre aujourd’hui. Nous parlons ici d’intérêt de santé publique, d’accès aux soins pour tous. Que ceux qui ne sont pas contents remboursent les sommes offertes et qu’ils sortent du système conventionnel une bonne fois pour toutes.
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