Pr Xavier Deparis, épidémiologiste

« Réduire la densité vectorielle de 60 %, c'est énorme »

Par
Publié le 17/02/2023
Article réservé aux abonnés

Le Pr Xavier Deparis, épidémiologiste* à l'agence régionale de santé de la Réunion, expose les atouts et les limites de la technique de l'insecte stérile.

Pr Xavier Deparis

Pr Xavier Deparis
Crédit photo : LAI-YU Stephan

LE QUOTIDIEN : Qu'attendre de la technique de l'insecte stérile (TIS) ?

Pr XAVIER DEPARIS : La TIS est un traitement de fond. Réduire la densité vectorielle de 60 %, c'est énorme. Si les lâchers se font en période interépidémique et que la densité de moustiques est maintenue en période épidémique au niveau de la saison interépidémie, cela devrait permettre de ralentir la transmission du virus de la dengue à la Réunion.

Cela va-t-il permettre de venir à bout des épidémies ?

En réduisant le nombre de moustiques par hectare, on réduit en principe le risque de se faire piquer et donc d'être infecté. Cependant, on a pu observer que, même dans les endroits où il y a peu de moustiques, il peut survenir une transmission virale et même des épidémies. Cela s'est vu notamment à Singapour. Il faut donc rester prudent et continuer à étudier l'impact sur la survenue d'épidémies de cette technique.

Quels points d'amélioration ?

Aujourd'hui, il reste à affiner certains paramètres en disposant d'une expérimentation à plus large échelle. Il faut définir combien de mâles stériles il faut lâcher par hectare pour réduire significativement le nombre de moustiques femelles par hectare. Mais il faut rester modeste : il n'y a pas de solution miracle. Les moustiques peuvent changer d'habitat, par exemple s'installer dans les maisons…

* directeur de la veille et sécurité sanitaires, santé et milieux de vie, coopération internationale

Propos recueillis par M.L.

Source : Le Quotidien du médecin