Le diabète a très rapidement été associé à un surrisque de formes sévères de Covid-19 et de décès, en population générale comme parmi les patients hospitalisés. Les résultats de l’étude française Coronado-Control, présentés en avant-première lors du congrès, confirment, après appariement sur une population identique pour l’âge, le sexe, le centre et la date d’hospitalisation, l’effet spécifique du statut diabétique sur la sévérité du Covid-19, avec une augmentation de 34 % du critère composite (décès et hospitalisation) et de 21 % du risque de décès à J28.
Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer ce surrisque, dont « une susceptibilité à l’infection en rapport avec une surexpression du récepteur ACE2 chez les diabétiques, développe le Pr Pierre Gourdy (CHU de Toulouse), ainsi qu’une réponse immuno-inflammatoire exacerbée, une dysfonction alvéolaire favorisant l’hypoxie ou encore un risque thromboembolique majoré ». De plus, certaines spécificités des phénotypes immunitaires associés au Covid-19 ont été identifiées dans le DT2, « en particulier une altération du nombre et de la morphologie des monocytes classiques CD14hi et CD16-, corrélés à la sévérité de l’infection, ce qui confirme le potentiel inflammatoire exacerbé chez les diabétiques de type 2 ».
Le poids de la glycémie au moment de l’hospitalisation
Dans un autre volet publié en février 2021, l’étude Coronado a également étudié les facteurs pronostiques chez les diabétiques hospitalisés pour Covid-19 (2951 diabétiques inclus entre le 10/03/20 et le 10/04/20). Les facteurs associés au risque de décès au 28e jour suivant l’admission étaient l’âge avancé, la présence de complications microangiopathiques, un traitement préalable par insuline, la dyspnée et des marqueurs biologiques élevés (transaminases, leucocytes, CRP). Il y a par ailleurs un rôle propre de l’obésité et de l’insulinorésistance vis-à-vis du risque de décompensation respiratoire. De plus, comme retrouvé dans d’autres études, la glycémie au moment de l’hospitalisation influençait de manière péjorative le risque de décès. Des analyses exploratoires mettent aussi en évidence une augmentation de la mortalité chez les patients sous statine ou encore un risque de décès associé à la néphropathie et aux antécédents de plaie du pied. A contrario, les auteurs rapportent une réduction de la mortalité à J28 chez ceux sous metformine.
La sévérité semble plus faible en cas de diabète de type 1 (DT1) comparé aux DT2 (mortalité 5,4 % vs 10,6 %) mais ce constat concerne surtout les patients les plus jeunes (moins de 55 ans), alors que le risque de décès est identique chez les plus âgés (75 ans ou plus). « Le pronostic du Covid-19 est essentiellement lié à l’âge plutôt qu’au type de diabète, souligne le Pr Bertrand Cariou (Nantes). Chez les patients DT1, on enregistre moins de 3 % de décès, et aucun chez les moins de 65 ans. »
Covid et diabète : comment expliquer le surrisque de formes sévères ?
Par
Publié le 03/05/2021
- 0 RéactionsCommenter
- Partager sur Facebook
Facebook
- Partager sur X
X
- Partager sur Linkedin
Linkedin
- Partager par mail
Mail
Article réservé aux abonnés
- 0 RéactionsCommenter
- Partager sur Facebook
Facebook
- Partager sur X
X
- Partager sur Linkedin
Linkedin
- Partager par mail
Mail
Source : lequotidiendumedecin.fr
Article suivant
DT2, le dépistage de l’ischémie myocardique silencieuse en question
Covid et diabète : comment expliquer le surrisque de formes sévères ?
DT2, le dépistage de l’ischémie myocardique silencieuse en question
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature