ESC 2015 : un nouvel algorithme pour confirmer l’infarctus en une heure

Publié le 31/08/2015

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Devant une douleur thoracique avec suspicion d’infarctus, chaque minute compte. Selon les résultats l’étude BACC (Biomarkers in Acute Cardiovascular Care), présentés lors d’une hotline session du congrès de la Société européenne de cardiologie (ESC) qui se tient à Londres jusqu’à mardi, il est possible de confirmer le diagnostic d’infarctus en seulement une heure contre les trois heures préconisées par les recommandations européennes.

Des kits de plus en plus sensibles

Compte tenu de la faible sensibilité des tests disponibles lors de l’écriture des recommandations actuelles, il avait été décidé que « les niveaux de troponine I soient considérés comme anormaux s’ils étaient supérieurs au 99e percentile d’une population de référence, soit 27 ng/L », rappelle le Dr Dirk Westermann du centre universitaire de cardiologie de Hambourg qui a présenté les données de BACC. « De nouveaux tests sont arrivés sur le marché, capables de détecter des élévations bien plus faibles », poursuit-il.

Pour leur étude, les auteurs ont recruté 1 045 patients admis pour une douleur thoracique aiguë à l’hôpital universitaire de Hambourg et pris en charge selon l’algorithme classique. Un nouvel algorithme consistant à comparer les taux sanguins de troponine I à l’admission puis une heure plus tard au lieu des trois heures recommandées dans l’algorithme classique a pu être expérimenté. La confirmation du diagnostic d’infarctus des patients hospitalisés a été réalisée par l’imagerie et l’électrocardiogramme.

Les auteurs ont pu évaluer la valeur prédictive des deux tests effectués à une heure d’intervalle avec différents seuils, et sont arrivés à la conclusion que le seuil idéal est 6 ng/L. Dans le détail, le nouvel algorithme propose d’exclure un infarctus si le taux est inférieur à 6 ng/L à l’admission et au bout d’une heure, et de le confirmer s’il est toujours supérieur à 6 ng/L et qu’il y a une variation de 12 ng/L entre les deux mesures. Entre ses deux situations, se situe une « zone grise » dans laquelle il faut prendre en compte les antécédents du patient et mener d’autres examens. Au bout de 6 mois de suivi, 13 patients de l’étude sont décédés. Les auteurs ont calculé qu’il n’y aurait eu que 3 décès si l’algorithme d’une heure avait été appliqué.

« Les résultats confirment qu’une augmentation de 6 ng/L en une heure est un marqueur de risque de décès ou de maladie cardiovasculaire et que les patients qui n’atteignaient pas ce seuil pouvaient quitter l’hôpital sans risque », précise le Dr Westermann. Le nouvel algorithme a une valeur prédictive négative de 99,7 % et une sensibilité de 99,1 %.

Des tests hétérogènes

Le Dr Westermann tient toutefois à mettre les services d’urgence en garde contre les variations de pratiques d’un établissement à l’autre : « Tous les hôpitaux n’utilisent pas les mêmes kits de dosages, et ils ne les emploient pas de la même manière. Nous avons validé l’idée d’un test en une heure, mais chaque hôpital devra s’interroger sur les seuils qu’il devra utiliser. »

Damien Coulomb

Source : lequotidiendumedecin.fr