Pr Christian-François Roques, président du conseil scientifique de l’AFRETh

« La médecine thermale a fait l'objet de 138 essais »

Publié le 14/01/2019
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Pr Roques

Pr Roques
Crédit photo : Stéphan Amelinck

« Le Quotidien » : Quel est l’état de l’art dans la littérature scientifique s’agissant de la prise en charge des douleurs chroniques en médecine thermale ?

Pr Roques : On dispose à l’heure actuelle de 183 articles recensés depuis 1990 sur la médecine thermale et publiés dans des revues avec facteurs d’impact, qui concernent soit des essais contrôlés randomisés (138), soit des méta-analyses (45). Sur la base scientifique actuelle, la cure thermale est un outil utile pour la prise en charge de douleurs chroniques d’origine viscérale, vasculaire, neurologique et ostéo-articulaire. L’essentiel des preuves du thermalisme a été apporté dans le domaine des affections musculo-squelettiques, en particulier dans l’arthrose du genou, des mains, dans la lombalgie chronique, l’arthrose généralisée, les tendinopathies de la coiffe des rotateurs et la fibromyalgie.

Pour chiffrer cette amélioration de la douleur par le thermalisme, vous avez réalisé une analyse à partir de 33 essais contrôlés randomisés dans les champs de la lombalgie, la gonarthrose et la fibromyalgie. Quels en sont les principaux enseignements ?

Pr Roques : Globalement, le traitement thermal s’est avéré efficace et significativement supérieur aux traitements comparateurs. Ainsi, dans une lombalgie, la cure thermale soulage de 20 points de plus en moyenne par rapport au traitement comparateur. Quand on sait que la douleur moyenne du lombalgique est de 54 dans ces études, ce résultat est tout à fait remarquable. C’est un peu plus faible pour la gonarthrose avec une amélioration de 13 points (douleur moyenne de 53) et c’est d’un haut niveau pour la fibromyalgie (19 points et une douleur moyenne de 67).

Quel est l’effet ajouté par le traitement thermal mesuré au regard de ces études ?

Pr Roques : Lorsqu’on soustrait la taille d’effet du traitement comparateur de la taille d’effet de la cure, on mesure ce qui est spécifiquement apporté par le traitement thermal ; cet effet supplémentaire est tout à fait considérable : 1,10 pour la lombalgie, 0,72 pour la gonarthrose et 0,79 pour la fibromyalgie. La cure thermale apporte un effet de soulagement de la douleur dans les affections rhumatismales, à la fois par les effets physiques de thermalité et de l’immersion sans omettre l’élément minéral. Il faut tenir compte des contraintes de pratique et de financement de la cure pour la réserver aux patients pour lesquels les moyens habituels, notamment médicamenteux comme non-médicamenteux, ne sont pas suffisants pour les soulager de manière durable.


Source : Le Quotidien du médecin: 9715