Personnes âgées fragiles

Prévenir l’entrée dans la dépendance

Publié le 19/10/2015

« Près de 90 travaux de recherche sur la fragilité sont menés dans le monde, principalement en Europe. En parallèle, les hôpitaux de jour et les maisons de santé prenant en charge les personnes âgées fragiles se développent, notamment en France, où l’on compte près de 80 centres de ce type », affirme le Pr Yves Rolland, (Gérontopôle de Toulouse).

Les travaux de recherche ont montré qu’une intervention ciblée (activité physique, ateliers mémoire, nutrition adaptée…) peut retarder l’entrée dans la dépendance. « Malheureusement, nous avons longtemps été sollicités lorsque les personnes âgées étaient déjà dépendantes. La tendance actuelle de notre discipline est de les prendre en charge en amont, de s’inscrire dans la prévention », précise le Pr Rolland.

Vers de nouvelles solutions de prise en charge

Pour prévenir l’entrée dans la dépendance, gériatres et médecins généralistes doivent travailler main dans la main. Les médecins généralistes disposent, d’ailleurs, d’un outil de dépistage simple (disponible sur le site de la Haute Autorité de santé [1]). « Beaucoup de patients nous sont adressés par le médecin généraliste sur la base de cet outil qui permet au praticien de prendre conscience des actions possibles pour ses patients fragiles. Ceux-ci sont examinés en hôpital de jour par une équipe gériatrique qui procède à une évaluation gérontologique standardisée (état nutritionnel, risque de chute, capacités auditives, visuelle…). À partir de cette évaluation, nous faisons des propositions d’interventions personnalisées, dont nous discutons toujours avec le médecin généraliste », indique le Pr Rolland.

En matière de recherche, la question de la meilleure modalité de prise en charge (la plus efficace, au meilleur coût) selon le type de fragilité persiste. De même, peu d’études se sont penchées sur la combinaison interventionnelle gagnante. Doit-on, par exemple, associer des actions de nutrition, d’activité physique, de cognition ? Ou suffit-il de jouer sur l’une ou l’autre de ces interventions ? « Ces questions sont difficiles à explorer. Néanmoins, une étude (2) suggère que la combinaison de plusieurs interventions (activité physique, nutrition équilibrée, ateliers de cognition) donne de meilleurs résultats qu’une intervention isolée. En outre, l’efficacité de ces actions combinées perdure six mois au-delà de la période d’intervention. Cette étude ouvre la voie à de nouvelles solutions pour retarder, voire éviter l’entrée dans la dépendance », assure le Pr Rolland.

D’après un entretien avec le Pr Yves Rolland (Toulouse)

 

(1) www.has-sante.fr

(2) Tze Pin Ng et al Am. J. Med. 2015.06.017 http://dx.doi.org/10.1016/j.amjmed.2015.06.017

Hélia Hakimi Prévot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9442