Syndrome de Steven Johnson et DRESS

Un quart des toxidermies sévères sont évitables

Publié le 15/01/2018
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De pronostic sévère et de prise en charge mal codifiée, les toxidermies sévères médicamenteuses regroupent le syndrome de Stevens-Johnson-nécrolyse épidermique toxique (SJS-NET) et le syndrome d’hypersensibilité médicamenteuse (DRESS). Elles s’accompagnent d’un taux de décès de 10 à 40 % pour les premières et de 5 à 10 % pour le DRESS.

Les données de la littérature soulignent la part importante des cas évitables : de 19 à 73 %. Ceci a conduit à réaliser une étude rétrospective multicentrique à partir des données colligées dans la base RegiSCAR France, entre 2003 et 2012, et dans celle du service de dermatologie de l’hôpital Henri Mondor, entre 2003 et 2016. Une analyse menée par trois experts a pris en compte tous les médicaments potentiellement imputables, initiés depuis 56 jours ou moins pour les toxidermies du groupe SJS-NET et entre 3 mois et 3 jours pour les DRESS.

Les toxidermies ont été classées comme évitables si l’indication du ou des médicaments imputables n’était pas conforme à l’autorisation de mise sur le marché (AMM) et non justifiée par les recommandations, s’il s’agissait de la réintroduction d’un médicament alors qu’un antécédent d’allergie était connu et en cas d’automédication avec un médicament délivré sur prescription.

Allopurinol et cotrimoxazole

Au total, sur les 779 cas identifiés, 602 ont été inclus dans l’analyse, qui a montré que la toxidermie était évitable dans 23,9 % des cas. Les deux-tiers étaient liés à une prescription inappropriée, le plus souvent une mauvaise indication de l’allopurinol (responsable de 44 % des toxidermies sévères évitables) ou du cotrimoxazole. « Il apparait essentiel de rappeler les indications de l’allopurinol, qui est de plus en plus souvent prescrit dans l’hyperuricémie asymptomatique, ce qui n’est pas une indication de l’AMM, et de promouvoir des alternatives au recours au cotrimoxazole », a précisé le Dr Guillaume Chaby (Amiens).

Les accidents survenant après l’administration d’anti-épileptiques étaient, quant à eux, majoritairement non évitables, la prescription étant conformes aux indications dans 95 % des cas.

Dans 20 % des cas, la toxidermie était secondaire à la réintroduction accidentelle d’un médicament, le plus souvent un antibiotique, qui avait entrainé antérieurement une allergie, et ce huit fois sur dix en milieu hospitalier.

Il faut noter également que certains cas de toxidermies sont survenus après une erreur de délivrance d’un médicament, notamment du fait de l’existence d’homologies dans les noms de marque, ce qui doit inciter à prescrire systématiquement en DCI.

D’après la communication du Dr Guillaume Chaby, CHU, Amiens.

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9631