Depuis le 15 avril, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) déploie dans ses établissements franciliens un dispositif d'équipes mobiles maison dénommé Covisan. L'objectif est similaire à celui des brigades sanitaires nationales : sécuriser le déconfinement, empêcher l'apparition de micro-foyers en cassant les chaînes de contamination du Covid-19.
Quatre hôpitaux du CHU francilien ont joué les pilotes : la Pitié-Salpêtrière, Avicenne, Bichat et Louis-Mourier. Se sont ajoutés depuis l'Hôtel-Dieu, Robert-Debré et le campus Picpus — quartier général où bénévoles et professionnels de l'AP-HP sont chargés du déploiement du dispositif. Le CHU recensait au 11 mai 34 équipes mobiles. 800 personnes ont été formées pour aller dans les familles et 300 visites ont été réalisées au domicile de personnes suspectées ou positives au Covid-19. L'AP-HP recense 1 400 personnes contactées dans le cadre de Covisan.
Binôme travailleur social/professionnel de santé
Une équipe mobile est composée d'un binôme travailleur social/professionnel de santé adossée à un hôpital et à une cellule Covisan. Celle de Louis-Mourier est par exemple composée d'une infirmière, trois étudiantes infirmières, une ex-épidémiologiste bénévole et une cadre de santé à la retraite.
Le succès du dispositif repose sur une logique multipartenariale, qui inclut professionnels de ville, autorités sanitaires et collectivités territoriales : ville de Paris, département de Seine-Saint-Denis, unions régionales des professionnels de santé, région et agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France, communautés professionnelles territoriales de santé, Croix-Rouge, etc..
Le système Covisan est déclenché dès qu'une personne avec des symptômes évocateurs d'infection au Covid-19 est signalée par un professionnel de santé (pharmaciens, centres de santé, médecins traitants, infirmières libérales, relais associatifs et sociaux, urgences hospitalières, etc.). Avec l'accord du patient, l'AP-HP envoie à son domicile une équipe mobile afin de lui proposer, ainsi qu'à son entourage, des mesures de protection : dépistage, accompagnement, distribution d'un kit (masques, solution hydroalcoolique). Le volet prévention est essentiel auprès des patients les plus isolés et vulnérables : l'équipe leur apprend à mettre correctement un masque, vérifie le lavage régulier des mains, appelle à proscrire les gants et à aérer souvent les pièces.
Brique
Si le patient est testé positif, l'équipe mobile s'assure que son logement dispose d'une chambre individuelle séparée. Si ce n'est pas le cas, elle peut lui proposer une chambre dans un « hôtel Covid » mis à disposition par le groupe Accor, avec lequel l'AP-HP a conclu un partenariat.
Pour le Pr Renaud Piarroux, chef du service de parasitologie de la Pitié-Salpêtrière à l'origine du dispositif, Covisan « est une brique supplémentaire » en complément des gestes barrières qui doivent « rester la base même après le confinement ». Cette démarche vise à « stabiliser l'épidémie à bas niveau, éviter une remontée progressive, lancinante mais désespérante et qui pourrait dans quelques mois nous mettre en difficulté ».
Début mai, le CHU francilien a décliné Covisan en interne à ses professionnels de santé testés positif au Covid-19. Le principe est le même : organiser l’accès au dépistage des membres du foyer et de l'entourage familial des soignants et salariés contaminés dans un hôpital de l’AP-HP proche du domicile ou sur le site central de l’Hôtel-Dieu. Là encore, une solution d’hébergement dans un hôtel dédié aux professionnels de santé est proposée le cas échéant. Au 7 mai, l'AP-HP enregistrait au total (guéris compris) 4 665 professionnels atteints du Covid-19.
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