LE QUOTIDIEN : La réforme du deuxième cycle se fera finalement en deux temps : report des ECNi d'un an mais nouveau programme des 2020. Quels sont les changements pour les jeunes ?
PR MARC BRAUN : Cette réforme va améliorer l'apprentissage et l'évaluation des compétences. Aujourd'hui on "forme" des étudiants mais nous n'évaluons pas leurs compétences. Les jeunes seront mieux accompagnés au cours de leurs stages dans l'apprentissage du raisonnement clinique et la résolution de problèmes. L'objectif est de réduire le "gap" entre un étudiant qui achève le second cycle et un interne entrant dans le troisième cycle. Les jeunes devront être plus professionnels dans la gestion du diagnostic et du raisonnement. La 6e année sera consacrée aux stages afin qu'ils gagnent en autonomie.
Autre avancée : la course à l'accumulation des connaissances théoriques s'arrêtera puisque l'examen sera placé en début de 6e année. Et pour ne pas retomber dans le bachotage, il y aura des épreuves qui rythmeront la validation de la 4e et de la 5e année.
Enfin, les enseignements eux-mêmes seront modifiés afin d'adapter les connaissances à la réalité du terrain et donner aux étudiants les clés pour construire des hypothèses et un raisonnement. Pour un patient qui arrive avec des signes cliniques d'AVC, la question n'est pas de définir l'AVC de façon encyclopédique mais plutôt de savoir comment interroger le patient.
Que va-t-il se passer pour les étudiants qui entrent en quatrième année en septembre 2020, qui devaient bénéficier de cette réforme ?
Cette promotion aura déjà accès au nouveau référentiel de connaissances – de rang A et B – mais les étudiants seront encore évalués par des ECN dématérialisées en 2023 sur la base de ce nouveau programme moins volumineux que celui actuel.
Le certificat de compétences cliniques sera réalisé sous la forme d'ECOS [examens cliniques objectifs et structurés, NDLR] pour permettre aux facultés de mettre en route ce nouveau mode d'évaluation. Les situations cliniques de départ seront – comme les référentiels – publiées afin de permettre aux étudiants de les préparer.
Grâce à cette année de transition, toutes les facultés seront-elles prêtes ?
Tout sera fait pour que les facultés soient prêtes en septembre 2021. Le report d'un an des ECNi a été décidé avec les doyens et les étudiants. Cela nous donne une année de plus pour se préparer aux nouvelles modalités pédagogiques souhaitées, une année de transition.
Je le redis : il faudra notamment modifier les enseignements délivrés en stage pour favoriser le raisonnement clinique. Les cours en amphi seront quasiment abandonnés au profit de cours interactifs en groupe où les étudiants discuteront de stratégies, de prises en charge. Les facultés devront définir toute l'ingénierie pédagogique de cette réforme – l'organisation des stages, les temps de formation pour les étudiants et les enseignants, le planning du programme pédagogique, l'organisation des ECOS ou encore la réservation des salles ! Tout ça prend du temps.
Pour l'affectation à l'entrée de l'internat, le « matching » sera-t-il vraiment un système plus juste que les ECNi ?
Le matching sera plus conforme aux souhaits des étudiants. Ils formuleront des vœux de spécialités et de villes et les algorithmes – déjà utilisés dans plusieurs pays – placeront chaque étudiant au sein d'un poste en fonction d'un trépied de critères : notes de compétences, connaissances théoriques et parcours de formation.
Auparavant, le jeunes pourront faire des simulations selon les notes reçues au long du second cycle, ce qui leur permettra de se rendre compte de ce qui leur est accessible ou non au regard de leur profil. Je ne veux pas vendre du rêve : il est évident que ceux qui ont les moins bons profils de réussite prendront les postes qui restent. Mais l'objectif est de faire évoluer les étudiants vers des choix plus assumés et réfléchis. Il faut se souvenir que nous aurons toujours l'obligation de remplir les postes ouverts.
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