On peut dire que la fibre santé est bien ancrée dans la famille d'Alexandre Didelot, généraliste trentenaire, natif du village de Laxou dans la Meuse. Sa mère et l'une de ses sœurs sont pharmaciennes. Mais on ne s'arrête pas là. Car son père et sa deuxième sœur, sont tous deux kinés !
À son indéniable attrait pour le soin, il convient d'ajouter l'investissement syndical. D'abord régional en tant que vice-président du RAOUL-IMG (Rassemblement AutonOme Unifié Lorrain des Internes en Médecine Générale) puis national au sein de l'interSyndicale Nationale Autonome Représentative des Internes de Médecine Générale (l'ISNAR-IMG). On l'aura deviné, le Dr Didelot est très actif. Et cela peut expliquer ses choix de mode d'exercice.
L'exercice mixte de la médecine générale
Alexandre Didelot s'est lancé dans un exercice mixte. Il concilie une activité libérale et salariale de la médecine générale. Diplômé depuis à peine trois ans, le praticien alterne l'exercice à temps partiel de soins primaires en maison de santé depuis juillet 2018 avec les fonctions de chef de clinique à l'université de Nancy. Les lundis et jeudis, le jeune généraliste exerce une mission d'enseignement auprès d’internes : « Une expérience enrichissante et stimulante pour notre culture scientifique », dit-il. Il s'agit d'accompagner les étudiants dans leur parcours d'internat, de les aider dans leurs thèses et mémoires. « Cet exercice est encore peu connu des internes de médecine générale, or nous avons besoin de plus d'enseignants afin d'améliorer l'accompagnement et la qualité de la formation », souligne-t-il.
Cet enthousiasme pour la médecine générale n'était pas gagné d'avance. Car Alexandre Didelot avait visé au départ une spécialité d’organe. Sans succès. Il confesse avoir eu une certaine appréhension à l'égard de sa discipline de destination. « Je pensais que, pour être un bon médecin généraliste, il fallait être fort en tout, ça me faisait peur, mais mes stages m'ont décidé… Je suis vraiment fier d'avoir pris cette spécialité et je m'épanouis totalement. Ce qui me plaît, c'est la prise en charge globale du patient, aussi bien au niveau de ses pathologies qu'au niveau de sa famille, de son contexte socio-médical. Suivre mon patient dans le temps est très important. »
Une thèse sur les MSP
Pas de hasard ! Sa thèse (octobre 2018) porte sur les « Maisons de santé pluriprofessionnelles du Grand Est ». Avec un sujet pointu – le règlement arbitral dans les MSP – qui a conduit Alexandre Didelot à en visiter plusieurs. C'est ce qui a emporté sa décision. Et là, tout s'enchaîne. Une candidature retenue de chef de clinique des universités de Nancy et l'offre de remplacement dans une MSP par son directeur de thèse.
Ce dernier, extrêmement impliqué dans la création des MSP dans la Meuse, est lui-même généraliste au sein de la Maison de santé pluriprofessionnelle de Revigny-sur-Ornain. Pour Alexandre, l'aventure débute par une semaine de remplacement en juillet ; dès novembre 2018, il intègre l'équipe qui compte près de 42 professionnels de santé dont cinq médecins à temps plein, deux à mi-temps et tous sont maîtres de stage…
Ce mode mixte d'exercice de la médecine générale aura aussi présenté des avantages en termes d'équilibre financier en temps Covid. La MSP de Revigny a su s'organiser au plus fort de la pandémie grâce à la télémédecine, la mise en place d'un outil de suivi des patients et l'installation d'une tente sanitaire. Il est fier de la structure devenue entre-temps maison de santé universitaire. La première à être ainsi labellisée dans le Grand Est !
Plus tard, Alexandre Didelot projette de se lancer, à son tour, dans la création d'une MSP. C'est dire s'il est convaincu par le travail en équipe, en maison pluriprofessionnelle et avec un mode d'exercice coordonné…
Il y a quelque temps encore, il s'interrogeait sur l'opportunité ou pas, de s'installer dans sa propre région, un désert médical.
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