Un député propose de mieux payer les médecins et crée une révolution ? ! Dire que la désertification médicale appelle des actions énergiques et innovantes est pourtant banal. Partout, des maisons ou centres de santé restent souvent désespérément vides de médecins libéraux. Les remplir de praticiens salariés coûte cher, trop cher.
La Sécu a déployé des moyens bureaucratiques considérables pour un résultat dérisoire et invente toujours plus de forfaits, peu parlants au commun des médecins. Les jeunes médecins continuent donc à défier les vieux sénateurs en refusant d’aller là où tous les services publics s’évaporent. Mais même à Paris, l’installation en libéral est insuffisante pour assurer l’avenir des soins. Et le service public n’a nulle part démontré sa capacité à combler le déficit…
Finalement, un problème évident pour tous et pas de solution ? Pour le diagnostic, les médecins, jeunes ou vieux, disent la même chose : le métier qu’ils ont choisi et pour lequel ils ont sacrifié une grande partie de leur jeunesse est éprouvant depuis toujours mais les efforts qu’ils font pour l’exercer ne sont pas du tout payés en retour. Cette paupérisation leur enlève les moyens d’une organisation prestigieuse et dégrade la considération sociale dont leur fonction a besoin pour être efficace. Le blocage de la consultation spécialiste (CS) depuis 30 ans n’est ni juste, ni digne pour les médecins et ne marque surtout pas l’estime des pouvoirs publics.
Lever un tabou
Cette désespérance a un remède : les médecins libéraux veulent de nouveau être respectés. Comme l’a bien compris Jean-Pierre Cubertafon qui lève le tabou sur la rémunération des médecins, ce respect doit être prouvé par des honoraires libéraux proportionnels à leur dévouement. L’argent est un symbole mais c’est aussi un outil qui doit être utilisé sans préjugé pour obtenir la qualité et la disponibilité nécessaires, là où les malades en ont besoin.
La Fédération des Médecins de France (FMF) s’est constituée sur un principe de bon sens : là où les conditions d’exercice sont différentes, les honoraires doivent être différents de la Convention nationale ; avoir des honoraires égaux partout n’est pas équitable ni nos malades à la campagne et pour ceux des coûteuses métropoles. Il s’agit donc d’entamer une vraie réflexion sur le niveau d’honoraires qui restaurera la répartition équitable des spécialistes et des généralistes à une distance raisonnable pour chaque patient.
Ouvrir les carcans administratifs, simplifier la nomenclature, proposer aux médecins et à leurs organisations des honoraires différentiés et motivants n’ont pas été encore expérimentés. Trop compliqué ? Il est devenu très coûteux de vivre loin des ressources urbaines : le tarif de tous les médecins dans les déserts doit, pour pallier à l’éloignement pour la famille, les enfants, être immédiatement doublé, pour le moins. Les frais de l’exercice dans les grandes villes sont dissuasifs : alors que les complémentaires y remboursent cher des consultations de patamédecine, que les contrats dits responsables imposent que les mêmes 40 ou 60 €, non remboursés par la Sécu, aillent aux vrais médecins ! Les remplaçants retrouveront alors le chemin de l’installation libérale.
Et puis, l’Assurance Maladie n’a tiré pour le moment aucune conséquence du transfert de la plupart de ses tâches de saisie aux professionnels de santé. Une réaffectation des ressources de l’administration vers les soignants est pourtant indispensable et urgente.
C'est donc un vrai tsunami sur les honoraires qu'il faut pour redonner partout de la souplesse à la démographie médicale. C’est le combat des spécialistes et des généralistes de la FMF ; sinon, très vite, désertification et dépeçage de la pratique des médecins aidant, les médecins ne seront plus accessibles à la majorité des assurés sociaux. Notre avenir commun mérite mieux mais il faut le construire, sans tabou.
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