Pour la troisième année consécutive, le Congrès de la médecine générale se tient au Palais des Congrès de la Porte Maillot. Jusqu’au 2 avril, la profession a rendez-vous dans les plénières et les nombreux ateliers.
Dans les travées du Palais des congrès, il devrait y avoir plus de 4 000 généralistes et, parmi eux, beaucoup de jeunes, assure Pierre-Louis Druais. Pour le président du Collège de la médecine générale, cette édition 2016 du Congrès de Paris qui a ouvert ses portes hier jeudi et jusqu’à samedi soir coïncide avec « une vraie montée en charge qualitative et quantitative de la recherche en médecine générale et en santé primaire ».
Et, de l’avis du généraliste de Port-Marly, ce n’est d’ailleurs qu’un début : « Un avenir se profile avec la création de ces 80 postes supplémentaires de chefs de clinique en médecine générale dans les deux prochaines années et avec la création de cette année de recherche désormais possible pour les internes au terme des trois ans du DESC. »
Suivi du diabète et dosage du PSA font le buzz
Le constat a d’ailleurs été fait dès l’ouverture de ce 10e congrès avec une plénière axée sur « l’état actuel et les avancées dans le champ scientifique de la recherche de la discipline ». Et il devrait être posé en fin de congrès par le Pr Emmanuel Hirsch. Les organisateurs ont, en effet, invité le spécialiste d’éthique à s’imprégner des communications de son choix et à en faire la synthèse samedi en qualité de « grand témoin ». Qu’il s’agisse de la nouvelle donne sur la fin de vie, du dépistage des cancers, des débats sur la vaccination ou les génériques, nul doute que le responsable de l’Espace Éthique de l’AP-HP trouvera là matière à intervention… et à ouvertures.
Ce congrès 2016 aura par ailleurs une dimension politique que ses promoteurs assument. Certes, Marisol Touraine ne s’est pas déplacée pour l’ouverture. Mais, pour le reste, le Collège a fait le buzz… intervenant comme jamais ces dernières semaines dans le débat politico-scientifique. Prenant ainsi, mi-février, fait et cause pour la Rémunération sur Objectifs de Santé Publique, mais au prix d’un sérieux ravalement de façade sur les critères retenus. Occasion lui a ainsi été donné de reposer la question de la pertinence des critères de suivi du diabète dans un climat tout sauf consensuel avec le monde de la diabétologie. « On espère que ce document va permettre d’optimiser une dynamique perfectible », commente le Pr Druais.
Autre débat sur lequel le Collège s’est mouillé pas plus tard que la semaine dernière : la non-utilité du dépistage du cancer de la prostate par dosage de PSA. Dans cette prise de position, on a vu pour la première fois le Collège afficher une concordance de vue avec Cnamts, HAS ou INCa, en l’absence remarquée des urologues. « Il ne faut pas avoir peur de s’affirmer », insiste le Pr Druais, qui revendique « une stratégie claire » et juge ces chantiers emblématiques de la « décolonisation progressive d’une spécialité avec ses propres outils et ses standards ». Le débat devrait rebondir au palais des Congrès avec un atelier spécifiquement consacré au PSA…
Dernière dominante du Congrès 2016 : l’international, avec les désormais traditionnelles sessions avec le Royal Collège et la présence remarquée durant ces trois jours du président de la Wonca Europe, le Pr Job FM Metsemaekers, venu de Maastricht et de la présidente de la Wonca monde, la Britannique Amanda Howe. Ça sent la candidature française comme pays hôte de la Wonca 2019… Et même si Pierre-Louis Druais souligne, prudent, que rien n’est acquis avant que la partie française ne passe son grand oral en juin, on a conscience qu’il y croit un peu. Welcome to Paris in 2019 ?