Pénurie : certaines spécialités plus touchées que d'autres

Publié le 21/05/2021
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

La crise démographique n'est pas terminée et dans biens des secteurs ou zones géographiques, le médecin est toujours une denrée rare. Il suffit de se plonger dans les statistiques pour se rendre compte que les spécialistes en médecine générale ne sont plus les seuls à faire les frais de la crise actuelle. Au niveau national, la Drees (Direction de la recherche, des études, des évaluations et des statistiques) projette, dans un dossier paru en mars, que le nombre de médecins diminuerait encore de 2,7 % jusqu’en 2024, ne retrouverait son niveau actuel qu'en 2030 et avant d'augmenter de nouveau de 18 % en 2040. Le nombre de spécialistes arrêterait de diminuer dès 2023, plus tôt que celui des généralistes, et augmenterait plus fort par la suite.

Ces chiffres cachent d'importantes disparités entre disciplines médicales, certaines spécialités apparaissant en fait plus menacées que d'autres dans leurs effectifs. L’Atlas 2020 du CNOM (Conseil national de l’Ordre des médecins) permet de mieux saisir les disparités entre spécialités et territoires. La centralisation des effectifs dans les métropoles et leurs centres hospitalo-universitaires se reflète dans le creusement du rapport interdécile de densité des spécialistes médicaux : en 2020, il est passé à 103,82, contre 90,41 en 2010. Un tableau des dix spécialités au solde entrant/sortant le plus déficitaire montre, pour la même année, qu’après la médecine générale (-229), suivent la médecine du travail (-179), la gynécologie médicale (-80), la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (-52) et la dermatologie et vénérologie (-37).

Sur le terrain, les aléas de la démographie médicale spécialisée sont parfois durement ressentis. Témoin de ce malaise : Fontenay-le-Comte, en Vendée, où médecins et habitants dénoncent l’urgence de la pénurie de spécialistes. « Nous ne pouvons pas attendre dix ans. Nous risquons la fermeture de services et le désamorçage complet du système de santé local », alerte le Dr Jacques Legroux, dermatologue et président de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) du Sud Vendée. L’association pointe un « siphonnage volontaire de recrutement » des spécialistes au profit du centre hospitalier départemental situé à la Roche-sur-Yon. La maternité de l’hôpital de Fontenay-le-Comte, entre autres, s’en retrouve menacée, le nombre de spécialistes libéraux diminué et la santé de la population mise en danger. « Les dermatologues du CHD de la Roche-sur-Yon ne réalisent pas de dépistages alors qu’il n’y a plus de dermatologues libéraux à la Roche-sur-Yon », illustre le Dr Legroux. À titre privé, il participe au collectif SOS Santé en Sud Vendée qui, en novembre 2020, a lancé une pétition pour « sauver l’offre de soins » locale recueillant 18 033 signatures. Et la Vendée n'est qu'un exemple des ratés de la démographie médicale spécialisée.


Source : Le Quotidien du médecin