Cancer du colon

L’obésité impliquée dans 10 % des cas

Publié le 21/03/2013
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Crédit photo : BSIP

LA RELATION entre surpoids et cancer a été mise en évidence par de grandes études nord-américaines. La première, une cohorte de plus de 900 000 adultes suivis pendant 16 ans, mettait en évidence une augmentation de la mortalité par cancer chez les individus atteints d’obésité morbide ((RR = 1,8) ; cancers colorectaux, de l’œsophage et de l’estomac (RR = 2) ; cancers du pancréas (RR = 2,6) ; cancers du foie (RR = 4,5)). Parallèlement, des travaux démontraient les bénéfices de l’exercice physique qui protège partiellement de la mortalité par cancer chez ces sujets en surpoids. Ainsi, une étude menée sur plus de 110 000 femmes a conclu que l’excès de poids et l’inactivité expliquaient 31 % des décès prématurés, 59 % des décès cardiovasculaires et 21 % des décès par cancer (2).

Enfin, une méta-analyse (3) de 141 travaux effectués de 1966 à 2007 permit à ses auteurs de conclure que le surpoids était impliqué dans l’adénocarcinome de l’œsophage, les cancers de la thyroïde, du colon, du rein, de l’endomètre et du sein chez la femme ménopausée ainsi que d’autres localisations moins fréquentes. « Aujourd’hui, précise le Pr Patrick Hillon, nous pouvons dire que presque 10 % des cancers du colon, 25 % des cancers du rein et 40 % des cancers de l’endomètre et des adénocarcinomes de l’œsophage liés au reflux sont dus exclusivement au surpoids. Et plus le surpoids est important, plus le risque de cancer est élevé (3) ».

Les mécanismes de la carcinogénèse liée à la surcharge pondérale font intervenir plusieurs facteurs. « La graisse viscérale a une physiologie très altérée, explique P. Hillon. Elle sécrète notamment des cytokines pro-inflammatoires responsables d’un syndrome inflammatoire, certes peu important mais chronique chez les sujets en surpoids, et qui représente un sur risque de cancer ». Certaines, comme la leptine, favorisent l’angiogénèse et la croissance tumorale. En revanche, la sécrétion d’adiponectine, dont le rôle protecteur a été mis en évidence dans l’athérogénèse, le diabète et l’inflammation, est diminuée chez les sujets obèses. Enfin, l’hyperinsulinisme fréquent chez les obèses est susceptible de stimuler la croissance cellulaire.

« Le surpoids explique environ 80 000 cancers qui surviennent annuellement en Europe, conclut P. Hillon. Il ne faut pas le laisser devenir le premier facteur de risque de cancer chez les non-fumeurs et réduire ainsi le bénéfice des autres politiques de prévention. »

Entretien avec le Pr Patrick Hillon, service de gastro-entérologie, CHU, Dijon

(1) Calle E. et coll. N Engl J Med 2003 ; 348 : 1 625-38.

(2) Hu FB. N Engl J Med 2004. Dec 23 ; 351(26):2694-703.

(3) Reneham A. et coll. The Lancet 2008;371(9612):569-78.

 Dr BRIGITTE MARTIN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9228