LE PR Jean-François Bretagne (Rennes) a réalisé avec son équipe, une étude centrée sur les polypes festonnés aujourd’hui en cours de publication : « il faut insister sur les variations de détection au niveau du côlon proximal : tant celle des adénomes que celle des polypes festonnés. »
Lors des JFHOD 2009, le Pr Bretagne avait présenté une étude publiée l’année suivante dans Gastrointestinal Endoscopy* : « il y avait des variations interendoscopistes dans le taux de détection des adénomes dans le cadre du dépistage de masse, c’est-à-dire des coloscopies faites après un Hemoccult positif », rappelle-t-il. L’équipe a continué à travailler sur cette question dans le dépistage du cancer colorectal. « Ces dernières années, plusieurs études ont montré que si la coloscopie diminue le risque de voir apparaître un cancer sur le côlon distal, ce n’est pas le cas pour le côlon proximal. Soit la coloscopie précédente a trouvé des polypes mais les a mal réséqués ; soit les polypes n’ont pas été vus lors de l’examen. Soit, enfin, ces polypes ont une biologie particulière qui pourrait expliquer qu’il n’y avait rien à voir à la coloscopie précédente et que, deux ou trois ans après, ils soient devenus des cancers », indique le Pr Bretagne qui s’est alors orienté sur la piste des polypes festonnés. « Ils correspondent à une base possible de cancérogénèse particulière, différente de celle des adénomes. Or dans notre base de données, nous avons constaté que 7 % des coloscopies mettent en évidence au moins un polype festonné dans le côlon proximal... Mais aussi qu’il y a des variations très importantes entre les endoscopistes, allant de 1,3 à 19 % », détaille le Pr Bretagne.
Pour affiner l’analyse, cette équipe a aussi conduit une régression logistique multiniveaux. « L’objectif est de faire la part des choses dans ce qui revient à l’endoscopiste et dans ce qui peut être lié à l’âge ou au sexe du patient: l’endoscopiste expliquerait 12 % de la variabilité observée. Pour les adénomes, du colon proximal, on constate aussi une variabilité interendoscopistes significative, mais pas dans le côlon distal. Pour ces lésions, le rôle de l’endoscopiste y est seulement pour 6,6 %, soit deux fois moins que pour les polypes festonnés », indique le Pr Bretagne.
En conclusion, ce dernier insiste sur la responsabilité et la vigilance des endoscopistes. « Il faut apprendre à connaître les polypes festonnés, à passer du temps lors de la coloscopie, à avoir des préparations de bonne qualité car si le côlon est sale, on peut très bien passer à côté de telles lésions », souligne le Pr Bretagne.
D’après un entretien avec le Pr Jean-François Bretagne, chef du pôle abdomen au CHU de Rennes.
* Bretagne JF, et coll. Gastrointest Endosc 2010;71:335-41.
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