« IL EST TOUJOURS difficile d’apporter la preuve de l’association entre une molécule et une complication. En particulier, l’association temporelle n’est pas toujours retrouvée », a rappelé le Dr Pierre Lozeron. Mais si la preuve et les mécanismes de la toxicité font parfois défaut, des neuropathies axonales, démyélinisantes, voire des ganglionopathies, sont décrites en association avec la prescription de nombreuses molécules. L’incidence des atteintes nerveuses périphériques attribuées à un vaccin est mal précisée, du fait de la rareté de ces complications et de nombreux biais. Il s’agit pourtant d’un problème dont l’impact est important au niveau du grand public : le fait que le vaccin ne soit pas considéré comme « assez sûr » constitue la deuxième cause de refus de la vaccination aux États-Unis. La toxicité vaccinale se présente le plus souvent sous la forme d’un syndrome de Guillain-Barré avec une incidence d’un cas/100 000 habitants dans la population générale, chiffre qui est dix fois moindre (0,1/100 000 habitants) après vaccination contre la grippe saisonnière. Une revue récente de 212 effets secondaires après le vaccin H1N1 rapporte 37 % de syndrome de Guillain Barré « possibles », toute la difficulté étant de certifier la relation de cause à effet. Un pic de survenue est observé dans les 42 premiers jours suivant la vaccination, avec un risque relatif de 2,35. Concernant la vaccination antipapillomavirus (Gardasil), la littérature retrouve une incidence de un à deux cas/million d’habitants, soit 10 à 15 fois moins que dans la population générale, mais avec un pic dans les six semaines suivant la vaccination. Toutefois, ceci ne doit pas remettre en cause l’intérêt du vaccin pour la prévention du cancer du col de l’utérus. Parmi les médicaments, les anticancéreux sont les plus souvent incriminés. On estime que 30 à 40 % des patients recevant une chimiothérapie font une neuropathie qui, lorsqu’elle est de grade 3 (handicap dans la vie quotidienne) conduit à réduire les doses ou à changer de molécule. Des agents protecteurs sont utilisés dans certains protocoles, en particulier calcium-magnésium et vitamine E. « L’évolution de ces neuropathies est globalement bonne, avec une récupération entre 25 et 100 jours. Entre 85 et 97 % des patients ont des séquelles mineures, a souligné le Dr Lozeron. Des progrès viendront de la mise en évidence de facteurs prédictifs (polymorphisme nucléotidique) et d’altérations précoces de l’excitabilité membranaire ».
D’après la communication du Dr Pierre Lozeron, hôpital Lariboisière Fernand Widal, Paris.
Article précédent
De nouvelles recommandations
Article suivant
Une action ubiquitaire
La stratégie de prévention secondaire
La moitié des patients observants à un an
La voie de l’histamine
Passer de la recherche à la pratique clinique
De nouvelles recommandations
Prouver l’imputabilité est souvent défaut
Une action ubiquitaire
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024