« Le concept de perturbateurs endocriniens concerne les différents champs de la médecine, de la période néonatale à la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson », a souligné le Pr Charles Sultan.
« Chez l’homme, le modèle clinique expérimental est celui du distilbène, prototype de l’effet des perturbateurs endocriniens avec cryptorchidie et hypospadias chez les fils », a rappelé le Pr Sultan. Plus largement, au niveau de la population, la prévalence de l’hypospadias a doublé en 30 ans et la spermatogenèse a chuté de moitié en 50 ans. « Notre environnement est contaminé par de nombreux produits tels que le bisphénol A, les phtalates, le PFOA ou les phénols. À la naissance, plus d’une centaine de perturbateurs endocriniens peuvent être retrouvés dans le sang de cordon », a précisé le Pr Sultan. Ces PE contaminent l’ensemble de l’homéostasie biologique. Ils ont une action ubiquitaire et touchent toutes les glandes endocrines, mais aussi, selon les données récentes, le système nerveux central. Il est important de prendre en compte l’interaction de ces produits avec le cerveau, en particulier le cerveau fœtal. Les PE sont stockés dans le tissu adipeux et ne subissent pas de détoxication naturelle. Ils peuvent avoir leur propre métabolisme. La majorité a une structure globale proche de celle des estrogènes et un mécanisme d’action pléiotrope : anti-estrogénique pour tous, anti-androgène pour la plupart et pour certains effets mutagène, immunodépresseur et cancérigène. Des études chez l’animal et chez l’homme ont montré que certains PE modifient l’expression de gènes cibles, en excès ou en défaut. Dans le « modèle » du distilbène, les filles ont tendance à développer des adénomes à cellules claires 14 ans après la contamination. Et le bisphénol A par exemple modifie l’expression de 14 gènes. Autre point important : les effets transgénérationnels, démontrés chez l’animal puis confirmés chez l’homme sur la 3e génération grâce à l’étude de plus de 1 500 familles.
Concernant l’impact des PE sur le système nerveux central, une étude longitudinale récente a montré que l’exposition in utero à des taux élevés de phtalates est associée à des difficultés de communication sociale à l’âge de 7 et 9 ans. Quant aux enfants « distilbène », ils ont des troubles de l’humeur et du comportement. « Les arguments convergent pour souligner une possible neurotoxicité à l’âge adulte après une exposition fœtale et donc l’impact des perturbateurs endocriniens sur le neurodéveloppement », a conclu le Pr Charles Sultan.
D’après la communication du Pr Charles Sultan, CHU Montpellier.
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