Face à une fibrillation atriale

Penser aussi à contrôler la pression artérielle

Publié le 21/01/2016
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Corriger d'abord le trouble du rythme

Corriger d'abord le trouble du rythme
Crédit photo : PHANIE

L’hypertension artérielle (HTA) est le principal facteur de risque de fibrillation atriale (FA) : 80 à 90 % des sujets en FA sont hypertendus, souvent non contrôlés. Elle augmente le risque d’accident vasculaire ischémique (l’HTA vaut un point dans le score de risque CHA2DS2-VASC) et hémorragique (l’HTA vaut également un point dans le score de risque HAS-BLED).

« Elle constitue donc un élément majeur de la prise en charge du trouble du rythme, mais est pourtant souvent oubliée comme cela a été constaté dans les essais évaluant les anticoagulants oraux directs », a insisté le Pr Olivier Hanon.

Les études épidémiologiques soulignent la relation forte entre l’incidence de la FA et l’HTA, qui s’explique par plusieurs mécanismes, dont l’augmentation de la taille de l’oreillette et du ventricule gauches, avec des conséquences au niveau des canaux ioniques, des modifications structurelles et in fine une instabilité du rythme électrique atrial. Plusieurs essais cliniques ont montré que le contrôle de l’HTA réduit le risque de FA. Dans l’étude CARDIO-SIS, le risque de nouvel épisode de FA était diminué de 54 % lorsque la PAS était ‹ 130 mmHg comparativement à ‹ 140 mmHg. Un constat similaire a été fait dans l’étude LIFE.

Effet bénéfique des bloqueurs du SRA

Comment contrôler l’HTA ? Les données de plusieurs études (sous-analyses de CHARM, LIFE, VALUE notamment) suggèrent que les bloqueurs du système rénine angiotensine ont un effet bénéfique, en particulier pour maintenir les patients en rythme sinusal. Dans la FA persistante, l’ajout d’un ARA 2 (irbésartan) à l’amiodarone permet un meilleur maintien du rythme sinusal après cardioversion : 85 % versus 63 % pour l’amiodarone seule. Des données comparables ont été obtenues avec des IEC ou l’éplérénone et malgré quelques essais aux résultats négatifs, une méta-analyse confirme la moindre récidive de FA avec les bloqueurs du SRA. Une autre méta-analyse conclut aux bénéfices des bloqueurs du SRA pour réduire le risque de premier épisode de FA. « Les données convergent donc pour souligner l’intérêt des bloqueurs du SRA dans ce contexte », a indiqué le Pr Olivier Hanon. Un bénéfice qui serait lié aux effets de ces médicaments au niveau de l’oreillette : diminution de la dilation auriculaire, réduction de la fibrose et du remodelage structurel, action directe sur les canaux ioniques, prévention de l’hypokaliémie…

Dans la FA persistante, la fréquence cardiaque peut être ralentie en recourant aux bêtabloquants et aux inhibiteurs calciques bradycardisants.

D’après la communication du Pr Olivier Hanon (Paris)
Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9464