Si la prévention et le dépistage des complications du diabète sont essentiels pour réduire la morbimortalité associée à ce trouble métabolique, ils ne sont pas toujours réalisés de manière optimale. Selon les données de l’enquête Entred 2007, dans la dernière année, seuls 28 % des patients ont bénéficié du dosage de la microalbuminurie, 50 % environ d’une consultation ophtalmologique, et 61 % d’une gradation podologique.
"Dans la région Midi-Pyrénées, grâce au réseau Diamip (Réseau diabète Midi-Pyrénées), nous disposions depuis plusieurs années d’une "photographie" de la situation ; au-delà de la difficulté d’accès aux soins, liée notamment à l’allongement des délais de rendez-vous, notre région se caractérise par son caractère très étendu, avec des zones rurales et une population âgée, ce qui se traduit in fine par une inégalité d’accès aux soins. Pour cette raison, nous avons mis en place en 2005, comme cela a été fait dans d’autres régions comme la Bourgogne, un dépistage itinérant des complications rétiniennes du diabète avec un camion équipé d’un rétinographe », expose le Pr Hélène Hanaire (1)
Ce programme mené en partenariat avec le CNES (Centre national d’études spatiales) et en collaboration avec tous les acteurs locaux, médecins généralistes, spécialistes, pharmaciens, infirmières, maires ...a rencontré un vif succès et a permis de dépister dans plus de 20 % des cas une rétinopathie méconnue, nécessitant parfois une prise en charge rapide. Les clichés, transmis par satellite, étaient interprétés sous 8 jours et un rendez-vous organisé sous 15 jours en cas d’urgence thérapeutique.
"Forts de cette première expérience, nous avons voulu aller plus loin en proposant un dépistage plus large des complications dans le cadre du programme DIABSAT (diabétologie par satellite)". Depuis 2 ans, l’équipement du camion permet de réaliser, outre le dépistage des lésions rétiniennes, un dosage semi-quantitatif de la micro-albuminurie, la mesure de l’index de pression systolique, un test au monofilament pour dépister la neuropathie diabétique et une plateforme de podologie. Après interprétation des données recueillies et télétransmises par l’infirmière, les résultats sont adressés au médecin traitant et au patient.
En pratique, la campagne itinérante est organisée en partenariat avec les membres du réseau et concerne prioritairement les zones les plus reculées, éloignées des plateaux techniques. "Nous nous sommes déployés dans cinq des huit départements de la région: Gers, Tarn, Tarn-et-Garonne, Haute-Garonne et Aveyron. Plus de 1 000 patients ont d’ores et déjà pu bénéficier de ce programme, ouvert à tous les diabétiques n’ayant pas eu de dépistage au cours de l’année précédente, ce qui a permis de dépister de 20 à 25 % de complications. Ces patients, adressés par leur médecin, leur pharmacien ou venant spontanément suite aux campagnes d’information, ont majoritairement un diabète de type 2. Il s’agit dans 60 % des cas d’hommes, ils sont âgés en moyenne de 70 ans et leur diabète évolue depuis 11 ans. Dans 80 % des cas, ils sont suivis uniquement par leur médecin traitant, 20 % consultent aussi un diabétologue.
Sur une journée, le dépistage concerne entre 5 et 8 patients, qui viennent sans rendez-vous, le seul critère étant d’avoir un diabète connu mais de ne pas avoir eu de dépistage des complications depuis plus d’un an.
L’étroite collaboration avec les médecins généralistes permet de repérer les zones géographiques où les besoins sont les plus criants, mais également de moduler l’offre : le camion peut ainsi être semi-itinérant et rester plusieurs jours au même endroit, par exemple près d’un Ehpad (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) ou d’une maison de professionnels de santé.
Diabsat bénéficie de plusieurs sources de financement : réseau, centre hospitalier universitaire et partenariats privés pour les campagnes d’information, soutien du CNES et de la région Midi-Pyrénées. Le "temps médecin" relève du bénévolat.
"Nous travaillons dans le cadre des SROS (Schémas régionaux d’organisation des soins) pour pérenniser ce projet et le dupliquer dans d’autres régions afin qu’elles puissent profiter de notre expérience", conclut le Pr Hélène Hanaire.
(1) D’après un entretien avec le Pr Hélène Hanaire, chef de pôle cardiovasculaire et métabolique, CHU, Toulouse.
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