Au cours des cinquante dernières années, des études épidémiologiques ont permis de mettre en évidence une augmentation de l’incidence des cancers du testicule ainsi que des anomalies de la migration des testicules, qui concernent 2 à 5 % des naissances. Elles sont de deux types : dans le cas de la cryptorchidie, le testicule n’a pas achevé sa migration et se trouve dans l’abdomen. Et lors d’ectopie testiculaire, il ne se situe pas sur le chemin normal de la descente et sa position est anormale.
Les anomalies de migration testiculaire sont la première cause d’infertilité masculine d’un facteur 6 ou 7, et ce par oligo- (moins de 30 millions de spz/mL), asthéno- (faible mobilité), térato- (nombreux spz anormaux), ou a-zoospermie (pas de spz). Ces anomalies exposent en outre à un risque de cancer des testicules à l’âge adulte : d’un facteur 4 si le testicule a été abaissé et d’un facteur 50 à 100 s’il ne l’a pas été. Au total, ces cancers représentent 5 à 10 % du nombre total de cancers du testicule. L’augmentation de ce risque de cancer serait due à la situation géographique du testicule (trop haut, trop chaud etc.) ou bien à l’anomalie intrinsèque n’ayant pas permis au testicule de migrer… Ces deux hypothèses ne s’excluent pas.
La prématurité est une cause classique d’anomalie de migration, celle-ci n’étant achevée qu’au cours du 9e mois de grossesse : 33 % des prématurés présentent une telle anomalie, contre 2 % des nouveau-nés à terme.
Parmi les autres processus incriminés, on peut évoquer un dysfonctionnement du gouvernail du testicule, d’origine anatomique ou hormonal (la testostérone et l’hormone antimüllérienne pilotent le gouvernail) ; un dysfonctionnement hormonal d’origine centrale (hypophysaire) ou encore local.
Une entité pathologique.
Cette prééminence du facteur hormonal a conduit à l’émission d’une hypothèse sur les perturbateurs endocriniens. Un syndrome a été proposé comme entité pathologique sous-jacente à ces perturbations : le syndrome de dysgénésie testiculaire. Il s’expliquerait par l’exposition à des composés chimiques, perturbateurs ou modulateurs endocriniens, parce qu’ils modifient la production ou l’action des hormones endogènes.
Des études ont été ainsi publiées sur le déclin de la qualité du sperme, l’augmentation de la fréquence de certaines anomalies du développement du tractus génital, ainsi que l’augmentation de l’incidence de certaines pathologies hormonodépendantes chez les humains, mais aussi chez les animaux, notamment les poissons. Des anomalies du système reproducteur de diverses espèces de poissons vivant dans des rivières réceptionnant des eaux résiduaires ont ainsi été notées. Le gouvernement précise que « d’autres études, sur les reptiles et les gastéropodes notamment, confortent l’idée d’effets sur la reproduction. » Le ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire a mis en œuvre un Programme national de recherche sur les perturbateurs endocriniens.
Les perturbateurs.
L’exposition aux perturbateurs endocriniens peut être environnementale, en raison de la présence de polluants organiques persistants - polychlroro-biphényles ou pesticides par exemple- ou encore alimentaires, que ce soit suite à l’ingestion d’aliments naturels (phyto-œstrogènes des germes de blé, de soja, de bière et de houblon) ou artificiels : bisphénols, phtalates (lire encadré), résidus de détergents, de pesticide etc. Une autre source est médicamenteuse, et si les expositions passées au distilbène, aujourd’hui retiré du marché, sont à surveiller, il ne faut pas négliger les résidus de médicaments trouvés en aval des stations d’épuration : l’étude du Pr Spiroux a montré, pour le seul CHU de Rouen, que plusieurs dizaines de kg de médicaments étaient rejetées chaque année dans les rivières, la quasi-totalité des molécules présentes en amont de la station étant aussi présente en aval. Cette situation s’empire lors de fortes pluies.
Enfin, l’industrie des cosmétiques n’est pas en reste, avec les parabens ou paraoxybenzoates, qui sont des conservateurs parfois également utilisés comme additifs par l’industrie alimentaire.
D’après le forum « Les anomalies de la migration testiculaire. »
(1) Pettersson A, et coll. Age at surgery for undescended testis and risk of testicular cancer. N Engl J Med 2007;356(18):1835-41.
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