Avec la déferlante Omicron qui est venue s'ajouter à la vague Delta, le taux d'incidence du Covid a flambé chez les enfants et adolescents, jusqu'à atteindre un pic lors de la semaine du 17 janvier (selon les données de Santé publique France, SPF), semant le chaos dans le protocole sanitaire au sein des écoles. Chez les 5-17 ans, le taux d'incidence a dépassé 7 000 pour 100 000 habitants. Cette forte augmentation du nombre de cas a entraîné en décembre une hausse des hospitalisations en soins conventionnels, en soins critiques et en réanimation chez les 0-17 ans, jusque-là plutôt épargnés, avant une nette diminution début février.
D'après le dernier point SPF du 17 février, les 0-17 ans (21,5 % de la population française) représentaient 9 % des 65 737 patients hospitalisés pour Covid depuis début 2022.
Une hausse des cas de PIMS en décembre
SPF rapporte par ailleurs 1 002 cas de syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique (PIMS) répertoriés depuis le début de l'épidémie. Le lien a été établi avec le Covid pour 918 d'entre eux. L'incidence cumulée des cas liés au Covid est estimée à 6,3 pour 100 000 chez les moins de 18 ans, avec une prédominance de cas chez les 3-11 ans. Parmi les 918 cas, 70 % ont été hospitalisés en réanimation ou en unité de soins continus.
Le nombre de cas de PIMS a augmenté rapidement entre la semaine du 6 décembre et la première semaine de janvier, avant de diminuer, « avec un décalage de quatre semaines par rapport à la dynamique de l’épidémie représentée par l’évolution des cas de Covid-19 hospitalisés », précise SPF. La moindre sévérité d'Omicron par rapport à Delta concernant les PIMS n'est pas encore confirmée.
Une étude en vie réelle conduite par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) américains montrait le 7 janvier que le vaccin de Pfizer-BioNTech contre le Covid chez les 12-18 ans serait efficace à 91 % contre le PIMS. Et selon des estimations parues le 23 février dans le « Lancet Child & Adolescent Health », le PIMS survient chez un cas pour un million d'individus de 12 à 20 ans vaccinés contre 200 cas parmi les non vaccinés*.
Moins de 10 % des moins de 12 ans vaccinés
Dans ce contexte, la vaccination des enfants et adolescents a été largement recommandée par les autorités sanitaires, sans pour autant décoller chez les 5-11 ans depuis qu'elle a été autorisée le 22 décembre. Et si plus de 80 % des adolescents de 12 à 17 ans ont reçu deux doses et près de 15 % une dose de rappel, seuls 3 % des 5-9 ans et 8,8 % des 10-11 ans ont reçu au moins une première dose de vaccin au 14 février.
Le 8 février, les sociétés savantes de pédiatrie ont rappelé leur position sur la vaccination des plus jeunes, en insistant sur le fait que « la vaccination doit être proposée et non imposée », ajoutant que « tous les enfants, vaccinés ou non vaccinés, doivent pouvoir garder une vie scolaire, sportive et sociale de qualité ».
Une décision médicale partagée
Dans le cadre de la discussion avec les parents, elles recommandent de leur présenter les preuves scientifiques clés pour aboutir à « une décision médicale partagée ». Elles listent ainsi trois arguments en faveur de la vaccination chez les 5-11 ans : protection des enfants porteurs de maladies chroniques vis-à-vis des formes graves et des hospitalisations liées au Covid ; protection de tous les enfants vis-à-vis du PIMS ; données rassurantes de sécurité pour le vaccin à ARNm utilisé (Comirnaty de Pfizer) dans cette tranche d’âge, plus de six millions ayant reçu deux doses sans signaux inquiétants aux États-Unis.
Courant janvier, le conseil scientifique du Collège national des généralistes enseignants (CNGE) a mis à la disposition des médecins un outil d'aide à la décision, pour les aider à « délivrer des informations limitées, mais valides, claires, loyales, objectives et transparentes (sans extrapolations ni présupposés) sur les bénéfices absolus et les effets indésirables » du vaccin Comirnaty de Pfizer, chez l'enfant.
*A. R. Yousaf et al., Lancet Child Adolesc Health, 2022. doi: 10.1016/S2352-4642(22)00028-1
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