L’arrivée des lentilles de contact thérapeutiques (LCT) en silicone-hydrogel a transformé le recours aux « lentilles pansements ». Elles assurent une très haute perméabilité à l’oxygène, évitant l’hypoxie cornéenne et permettant leur port permanent. Elles protègent les terminaisons nerveuses cornéennes lors du clignement en cas de lésions cornéennes après chirurgie réfractive, dans les kératites bulleuses, les érosions traumatiques ou iatrogènes de la cornée.
Ces LCT pansements améliorent la douleur et la cicatrisation épithéliale, en évitant l’irritation mécanique et en favorisant l’humidité ambiante. « On ne dispose pas d’études prouvant l’accélération de la cicatrisation, mais il existe un consensus clinique pour mettre en avant le rôle bénéfique des LCT dans les défects épithéliaux — dystrophies bulleuses ou toute autre dystrophie avec irrégularité de l’épithélium, érosions récidivantes, érosions larges traumatiques, kératites liées à la sécheresse oculaire. Elles permettraient de limiter l’incapacité temporaire de travail », souligne la Dr Valérie Elmaleh (Nice). Elles peuvent aussi être utilisées pour protéger la cornée en cas de défauts des annexes, ou de l’irritation due aux fils de suture après chirurgie palpébrale.
Plus anecdotiques, les LCT à base d’hydrogel ont une utilisation limitée à certains cas, comme les lentilles de grand diamètre utilisées en postopératoire de glaucome, ou en cas d’ulcérations cornéennes provoquées par une kératoconjonctivite vernale (inflammation oculaire chronique d’origine allergique).
Quant aux lentilles rigides perméables aux gaz, les verres scléraux ou les lentilles mini sclérales, elles doivent être déposées en fin de journée ; elles ont des indications très particulières, comme le kératocône ou des pathologies graves de la surface oculaire.
Pour déliver des médicaments
Afin de prolonger la durée d’action des collyres sur l’œil, on peut imbiber la lentille avec le produit avant de la poser, ou instiller le collyre après la pose de la lentille, permettant ainsi de le maintenir au contact de la cornée. Les LCT en silicone-hydrogel assurant un relargage de produits actifs sur plusieurs jours ou semaines sont actuellement à l’étude.
Dernier type de lentilles, les lentilles occlusives permettent de bloquer les rayons lumineux, sur toute la surface oculaire ou uniquement celle de l’iris. Elles peuvent ainsi être utilisées dans les diplopies réfractaires, les amblyopies ou en cas de forte mydriase.
Des conditions d’hygiène strictes
Comme toutes les lentilles de contact, ces LCT doivent être utilisées dans des conditions d’hygiène parfaite, d’autant plus qu’il existe des plaies ou des érosions épithéliales. Leur adaptation doit garder un équilibre entre des lentilles un peu serrées pour protéger les défects épithéliaux mais pas trop sur des conjonctives œdémateuses, comme on peut en voir dans des pathologies traumatiques.
Le port s’accompagne de traitements adjuvants, substituts lacrymaux, antibioprophylaxie en cas de plaie ou en post-chirurgie réfractive. Il faut éviter les AINS qui sont épithéliotoxiques et les anesthésiants. Les collyres aux corticoïdes ont des indications précises et doivent être étroitement surveillés.
Session « 1 heure pour être à jour en contactologie »
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