Tabagisme pendant la grossesse

Des conséquences pour toute la vie

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Publié le 29/11/2018
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On connaît depuis longtemps les effets négatifs du tabac sur la grossesse, l’accouchement et la morbimortalité périnatale. Mais, les recherches de ces cinq dernières années l’ont montré, c’est en fait durant toute sa vie que l’enfant à naître pourrait subir les conséquences, aussi bien respiratoires ou métaboliques que cérébrales, de son exposition au tabac in utero. Elle augmenterait les risques de troubles comportementaux, d’addictions, de complications cardiovasculaires (on a ainsi constaté que la pression artérielle est plus élevée dès 4 ans), d’obésité et de diabète. Sur le plan respiratoire, les enfants exposés in utero ont un risque augmenté de 63 % de sifflement et de 65 % d’asthme à 4-6 ans. Ces effets ont été mis en évidence par des études sur de très grandes cohortes, de 20 000 à 170 000 enfants, après ajustement sur les divers facteurs confondants, qui ont identifié le tabagisme maternel pendant la grossesse comme élément prédictif indépendant de ces pathologies.

Fenêtres de toxicité

Ces effets ne sont probablement pas liés à la dose, et apparaissent déjà si la femme fume de 1 à 4 cigarettes par jour : il n’y a pas de petit tabagisme. Le système nerveux et les poumons se développant au premier trimestre, c’est une période de grande vulnérabilité. Or plus de femmes fument durant cette période, parce qu’elles ne se savent pas enceintes. En 2016 en France, plus de 130 000 enfants ont été exposés au tabagisme in utero, des millions à travers le monde. « Il faut absolument faire passer le message aux médecins, en particulier aux obstétriciens, que le risque existe dès les premières cigarettes », insiste le Dr Ivan Berlin (Paris), qui souligne aussi que si la mère a été exposée au tabagisme pendant sa vie fœtale, son risque de fumer pendant la grossesse est augmenté de 75 % : « Cela peut ainsi pérenniser “l’épidémie” de tabagisme, la mère transmettant à son tour le risque de devenir fumeur. »

Entretien avec le Dr Ivan Berlin, addictologue à l’hôpital Pitié-Salpêtrière, Inserm U1018

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Source : Le Quotidien du médecin: 9706