Éditorial

Une priorité de santé

Publié le 29/11/2018
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C’était il y a six ans… La Cour des comptes avait souligné en 2012 que les plans gouvernementaux n’investissaient pas assez dans la tabacologie depuis les années 2000. Et pourtant, le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2019 prévoit d’ores et déjà l’utilisation du fonds de lutte contre le tabac pour lutter contre les autres addictions. Il ne s’agit pas d’opposer, comme cela fut longtemps fait, une addiction à une autre, mais de parvenir à des résultats de grande ampleur dans la lutte pour la réduction de la prévalence tabagique. De fait, on observe une spécificité en France par rapport aux pays voisins, où la prévalence tabagique est plus faible, malgré des prix du tabac le plus souvent moins élevés.

Pour faire de la lutte contre le tabagisme une priorité, trois axes essentiels sont à développer, outre les mesures de taxation :

● La formation des professionnels de santé et sociaux, car le retard est considérable ;

● Le développement de centres spécialisés en tabacologie. Le lien avec le médecin traitant pourrait se faire plus facilement pour une grande part des 12 millions de fumeurs. Et ces centres sont indispensables pour certains groupes de fumeurs, dont les personnes précaires ;

● La recherche en tabacologie, qu’elle soit fondamentale, clinique, en pratique quotidienne ou encore dans le domaine des sciences humaines et sociales.

Au total, pour développer ce champ addictologique négligé et attirer des jeunes, il faut une formation structurée et un fléchage de postes titulaires hospitaliers et hospitalo-universitaires. Pourtant, ces postes disparaissent progressivement. Il est déjà bien tard pour réagir !

Présidente de la Société francophone de tabacologie

Anne-Laurence Le Faou

Source : Le Quotidien du médecin: 9706