LES ZONES emphysémateuses d’un poumon ne participent pas aux échanges gazeux mais occupent « indûment » un certain volume de la cage thoracique ; le corps médical essaye donc depuis une quarantaine d’années de réduire le volume de ces zones d’emphysème. Les techniques de réduction ont été essentiellement chirurgicales avec une morbimortalité relativement importante. Des techniques mini-invasives et endoscopiques sont apparues récemment. La technique du « by pass », consistant à créer des courts circuits à l’aide de stents entre les zones périphériques d’emphysème et les bronches avec création de « néobronches » supplémentaires est aujourd’hui abandonnée ; elle était très efficace mais sur une très courte durée seulement (3 à 4 semaines) (1).
Les techniques dites « bloquantes », des valves unidirectionnelles empêchent l’air de pénétrer dans les zones emphysémateuses ont aussi été abandonnées. « En effet, explique le Pr Charles-Hugo Marquette, on ne peut pas bloquer moins qu’un lobe car, s’il existe des fissures interlobaires incomplètes (donc une ventilation interlobaire), ce qui représente environ 60 % des patients porteurs d’un emphysème sévère, le processus échoue. On peut retenir en pratique qu’il y a seulement 20 % de vrais répondeurs. En outre, poursuit-il, les systèmes qui permettent d’évaluer la ventilation interlobaire ne répondent pas aux attentes. Nous ne disposons donc pas de facteur prédictif de réponse ».
Un recrutement dans la presse.
Un troisième principe, en progrès depuis l’an dernier, correspond à une réduction du volume de l’emphysème. Trois techniques : la colle, la vapeur et les spirales. La première consiste à injecter en distal, à l’aide d’un cathéter, une mousse qui se rétracte en se polymérisant et entraîne ainsi la réduction de la zone emphysémateuse. Les études de phase II sont terminées (avec un taux de réponse de 50 à 60 %) et la compagnie Aeris a débuté mi-novembre une étude de phase III internationale (États-Unis et Europe dont 3 centres en France), c’est l’étude ASPIRE. La technique d’ablation par la vapeur consiste à injecter de la vapeur d’eau dans le segment à traiter, ce qui a pour effet d’entraîner une coagulation des protéines par hyperthermie locale et la rétractation de la zone emphysémateuse. Une étude de phase II (2) démontre que c’est une technique sûre. « Mais pour des raisons inconnues, s’étonne C-H Marquette, la firme Uptake medical n’initie pas l’étude de Phase III, ce qui est difficile à comprendre étant donné les bons résultats de la phase II ».
La dernière piste de réduction : les spirales. Sous amplificateur de brillance, un cathéter qui renferme une tige à mémoire de forme de spirale est introduit dans les bronches très distales du territoire à traiter. Quand cette tige est libérée, une spirale se forme dans la bronche et enroule dans sa boucle la zone à réduire en l’emprisonnant. Les premiers résultats furent impressionnants puisque le taux de réponse avoisinait les 70 % et le gain en termes de fonction respiratoire et de capacité à l’exercice étaient supérieurs à ceux de toutes les autres techniques étudiées. « L’an dernier, précise C-H Marquette, nous avions déposé un dossier au ministère de la santé pour un soutien de financement dans le cadre des thérapeutiques innovantes et coûteuses (STIC). Sur les 32 dossiers présentés, 2 seulement ont été retenus dont le nôtre, en premier. Nous avons alors développé un site (www. euroemphysema.com) où tout est dit sur l’emphysème et nous avons initié cette étude (REVOLENS) soutenue par le Ministère de la Santé. Le début des inclusions est prévu pour le 12 février 2013. Pour recruter des patients, nous sommes autorisés par l’Ordre des Médecins à diffuser une affiche dans la presse ».
D’après un entretien avec le Pr Charles-Hugo Marquette, hôpital Pasteur, CHU de Nice (marquette.c@chu-nice.fr)
(1) Shah P et coll. Lancet 378 : 997-1005
(2) Snell G, et coll. Eur Respir J. 2012;39:1326-33
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