Phénomène normal et un motif très fréquent de consultation, la toux se résout généralement en quelques jours ou semaines. Quand elle devient chronique, c’est-à-dire quand elle persiste plus de 8 semaines, elle peut alors poser des problèmes diagnostiques et thérapeutiques.
Avant de poser le diagnostic de toux réfractaire (ou idiopathique), il faut en rechercher les trois grandes causes : ORL (jetage postérieur), digestive (RGO essentiellement) et pneumologique (asthme, allergie...). Une fois le bilan effectué, deux situations sont possibles. Soit une cause est retrouvée et traitée, la toux disparaît ; soit aucune étiologie n’est retrouvée (20 % des cas). « Dans ce cas, déclare le Dr Roger Escamilla (Toulouse), on envisage, parfois en raison d’une présomption clinique, les causes les plus fréquentes et on prescrit empiriquement un traitement pour une sinusite, un RGO ou un asthme ». Si le traitement est efficace sur la toux, on suppose qu’on en a trouvé la cause, on explore la pathologie en cause et on poursuit le traitement. Mais certaines toux ne répondent à aucun traitement. L’hypothèse actuelle est que, dans certains cas, la toux chronique/réfractaire est une maladie en elle-même et que certains facteurs peuvent exacerber le réflexe tussigène qui est devenu anormal. « On calque ces toux sur le modèle de la fibromyalgie, syndrome douloureux inadapté aux stimuli », explique le Dr Escamilla. Ce tableau concerne plutôt les femmes (3 fois/4), de 40 à 50 ans, chez qui on retrouve une hypersensibilité du réflexe tussigène aux odeurs fortes, aux parfums, aux changements de température, au rire, au stress, à l’hyperventilation, lors d’un discours prolongé ou des repas. Il s’accompagne de sensation de boule ou de raclement au niveau de la gorge qui sont interprétés comme des manifestations d’un désordre neurologique. La toux est généralement très sèche avec un impact important sur la qualité de vie, en particulier chez la femme (incontinence urinaire).
Le test de provocation à la capsaïcine peut être intéressant. Il détermine le niveau de concentration de capsaïcine induisant au moins 5 épisodes consécutifs de toux (C5) indiquant ainsi le niveau de perturbation du réflexe tussigène aux agents chimiques. Mais se pose la question de savoir si un test négatif élimine le concept de toux par hypersensibilité
Quant au traitement de ces toux réfractaires/idiopathiques, il est réellement difficile. Les antitussifs conventionnels sont souvent inefficaces. Les Anglo-Saxons utilisent volontiers des neuromodulateurs efficaces sur la douleur. En France, on a tendance à se tourner vers les méthodes alternatives (sophrologie, psychothérapie) et sur de petits moyens qui peuvent s’avérer efficaces, tels les pastilles au menthol avec leur petit effet anesthésique local.
D’après un entretien avec le Dr Roger Escamilla, service de pneumologie, hôpital Larrey, Toulouse
Article précédent
Les recommandations de la SPLF sont toujours d’actualité
Article suivant
Des progrès de suivi
Et la santé du congrès : réfléchir à l’avenir
La colère des médecins
Cap sur les comorbidités méconnues
La FFP plaide plus que jamais pour la télésurveillance
De nouvelles armes pour l’asthme sévère
Les recommandations de la SPLF sont toujours d’actualité
Un syndrome difficile à identifier et à traiter
Des progrès de suivi
Une grande première dans le traitement médicamenteux
Le danger ne vient pas que de l’extérieur
Deux tiers des patients ne sont pas diagnostiqués
Du nouveau dans le traitement médicamenteux
Tous les organes sont concernés
Le DPC est sur les rails
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024