EN FRANCE, de 5 000 à 10 000 personnes seraient atteintes par la maladie ou borréliose de Lyme, parmi lesquelles environ 10 % ont une expression neurologique. Et c’est en Alsace, connue pour son haut risque de maladie de Lyme que l’incidence des neuroborrélioses semble la plus élevée, estimée selon l’Institut de veille sanitaire à 10/100 000. Les autres régions françaises ne sont cependant pas épargnées puisque les tiques dures (Ixodes ricinus), responsables de la transmission des bactéries du genre Borrelia, sont présentes sur tout le territoire français hormis le pourtour méditerranéen et le sommet des Alpes et des Pyrénées.
Pour les praticiens alsaciens comme le Dr Frédéric Blanc du département de neurologie des hôpitaux universitaires de Strasbourg, le diagnostic de ces formes est le plus souvent aisé car présent dans tous les esprits : « dans nos services, tout patient ayant une atteinte neurologique ou neuropsychiatrique, quelle qu’elle soit, bénéficie systématiquement d’une recherche d’anticorps anti-Borrelia ». Mais dans les autres régions françaises moins sensibilisées, les retards ou les absences de diagnostics sont malheureusement à déplorer. Pourtant, traitées suffisamment tôt, 90 % des neuroborrélioses guérissent sous antibiotiques.
Surtout des méningoradiculites.
Le trouble de loin le plus fréquent est une méningoradiculite survenant dans les semaines suivant une morsure de tique. Cliniquement, il peut s’agir d’une paralysie faciale ou d’une atteinte d’autres nerfs crâniens ; l’atteinte radiculaire peut aussi intéresser l’étage médullaire sous la forme d’une douleur radiculaire avec un déficit moteur et/ou sensitif. Biologiquement, il existe une méningite lymphocytaire. D’autres formes neurologiques sont aussi à connaître quoique plus rares : myélite, encéphalite, névrite optique, hémorragie méningée, vascularite cérébrale… Plus rarement, des délires transitoires, des états dépressifs, voire l’apparition de troubles cognitifs ont été associés à une infection par Borrelia. Devant ces tableaux cliniques, comment faire le diagnostic ? « Certainement pas par la sérologie, explique le Dr Blanc, précisant que la découverte d’anticorps spécifiques permet seulement d’affirmer que le patient a rencontré la bactérie sans forcément que cela ait entraîné un effet pathogène ».
D’ailleurs, les sérologies sont fréquemment positives dans la population générale des régions d’incidence élevée de maladie de Lyme : 3,3 % des donneurs de sang de la région Centre et 6 % à Strasbourg.
Selon les recommandations de 2010 de la fédération européenne des sociétés de neurologie (EFNS), le diagnostic de neuroborréliose nécessite la réunion de trois critères : des symptômes neurologiques, une pléiocytose céphalorachidiennne (LCR) et la démonstration d’une production intrathécale d’anticorps anti-Borrelia spécifiques grâce à l’établissement d’un index très spécifique : [anticorps du LCR/anticorps sériques]/ [IgG totales du LCR/ IgG sériques]. À noter que la recherche à l’interrogatoire d’une morsure de tique et d’un érythème migrans peut aider, mais cet antécédent peut très bien avoir été négligé ou non détecté.
Le diagnostic nécessite donc outre l’examen clinique une ponction lombaire et une prise de sang concomitante avec recherche d’anticorps par un laboratoire spécialisé.
L’antibiothérapie est efficace.
Mais cette enquête en vaut la peine car le traitement entraîne une évolution favorable dans 90 % des cas. La ceftriaxone est prescrite en première intention à la dose de 2 g/j en IV ou en IM pendant 21 à 28 jours. La doxycycline per os (200 mg/j) ont aussi témoigné de leur efficacité. Une des caractéristiques des neuroborrélioses est l’amélioration des douleurs dès les premières 48 heures d’antibiothérapie. Il faut enfin souligner qu’un antécédent de borréliose de Lyme ne protège pas contre les effets d’une future morsure de tique… Les règles de prévention doivent donc toujours être observées : vêtements couvrants, clairs pour mieux repérer les tiques, retrait le plus rapide possible des tiques de façon manuelle. L’intérêt d’une administration flash de 200 mg de doxycycline lorsque la tique est restée accrochée de 48 à 72 heures, en zone d’endémie, n’est, selon la conférence de consensus de 2006, qu’à envisager au cas par cas.
D’après la communication du Dr Frédéric Blanc, Strasbourg.
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