Faut-il abandonner la chimioprophylaxie du paludisme pour certaines zones à « faible risque » d’Amérique latine ou d’Asie du Sud- Est et proposer plutôt au patient un traitement de réserve à prendre « au cas où ? » Alors que certains pays d’Europe du Nord et, tout récemment, l’Italie ont franchit le pas, pour le moment la France reste plus frileuse sur le sujet et la question continue de faire débat comme en témoigne les échanges qui ont eu lieu sur le sujet à Bordeaux.
Tout le monde s’accorde pourtant sur le fait que dans ces zones du globe, le risque pour les voyageurs de contracter un paludisme à Plasmodium falciparum a fortement diminué. Avec, à la clé, une modification de la balance bénéfice/risque du traitement chimioprophylaxique. Mais si pour le Pr Olivier Bouchaud (hôpital Avicenne, Bobigny), cette transition épidémiologique devrait conduire à revoir nos pratiques, tous les experts ne voient pas les choses du même œil. Et les dernières recommandations françaises continuent de préconiser une chimioprophylaxie « classique » pour ces régions.
Plus que l’abandon du traitement prophylactique en lui même, ce sont surtout les interrogations soulevées par le traitement de réserve (ou traitement présomptif) qui ont conduit les auteurs de ces guidelines à jouer la carte de la prudence. « On confie au malade la responsabilité de sa prise en charge en lui demandant de traiter son éventuel paludisme de façon présomptive, estime le Pr Eric Caumes. Mais en cas de fièvre ce voyageur a beaucoup plus de risque d’avoir une pneumonie à pneumocoque ou une grippe qu’un véritable paludisme. D’où un risque de retard diagnostique pour ces pathologies et, au final, une effet plus délétère que bénéfique pour le voyageur. »
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