Ces dernières années, de nombreux spécialistes ont mis en garde contre les régimes déviants, orthorexiques et potentiellement délétères chez l’enfant, comme le végétalisme ou le véganisme et tous les régimes d’exclusion (sans produits carnés, sans produits laitiers, etc.). Certains ont des répercussions sociales mais pas nutritionnelles, comme le “sans gluten”. Ça n’est pas le cas du végétalisme. En 2018, une étude du Dr Julie Lemale et du Pr Patrick Tounian (service de nutrition pédiatrique, hôpital Trousseau, Paris) sur 34 cas a mis en lumière les conséquences dramatiques d’une alimentation végétalienne chez le nourrisson : fractures, convulsions, séquelles neurologiques, anémies sévères, régression psychomotrice, alcalose avec troubles respiratoires, déficit calcique osseux difficilement rattrapable.
Dans le végétalisme, le risque de carences nutritionnelles est réel (fer, vitamine A, B2, B12, D, zinc, calcium, DHA) et leur prévention fera l’objet de recommandations fin 2019. « Plutôt que de vouloir à tout prix convaincre les parents de renoncer à ces régimes, mieux vaut prévenir leurs conséquences », estime le Pr Tounian.
La carence en fer n’est pas systématique, « car la plupart des enfants et adolescents adhérant au végétalisme l’abandonnent au bout de 2-3 mois à cause de la fatigue qu’entraîne cette carence, explique le Pr Tounian. Nous pensons que les “résistants” sont ceux qui absorbent mieux le fer végétal. C’est pourquoi la supplémentation ne doit pas être systématique (2-3 mg/kg/j de fer métal) mais uniquement prescrite après dosage de la ferritinémie. » Autres carences potentielles, celle en calcium, quasi inéluctable, mais aussi en vitamine D, B12 et en acide docosahexaénoïque (DHA – acide gras semi-essentiel utile au fonctionnement cérébral).
La supplémentation systématique en calcium doit être comprise entre 500 et 1 000 mg/j (selon l’âge et les autres apports), celle en vitamine B12 de 250 mg tous les 10 jours, celle en vitamine D de 100 000 UI tous les 3 mois et celle en acides gras d’1g/j (500 mg EPH et DHA). En revanche, insiste le Pr Tounian, « il n’y a pas de carence protéique, contrairement à ce que l’on peut lire un peu partout, sauf chez les nourrissons nourris exclusivement aux jus végétaux ».
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