L’association des professionnels du médicament générique (GEMME, pour « Générique, même médicament ») recense 15 industriels qui produisent actuellement des génériques. Parmi eux, « certains laboratoires ont une activité purement générique, comme Eg Labo, Cristers, Arrow, Hospira, Ranbaxy ; d’autres sont des filiales génériques de grands groupes pharmaceutiques comme Sandoz (filiale de Novartis), Biogaran (filiale de Servier) ou Zentiva (filiale de Sanofi) ; enfin, d’autres ont diversifié leur activité, comme Teva », explique Nathalie Vaneenoo, chargée de mission.
Cette répartition est bien le signe d’une industrie en fort mouvement. Normal : quand, en 2000 – c’est-à-dire quatre ans après la première incitation à la prescription des génériques par une recommandation de la CNAM et la première définition officielle de ce qu’est un générique –, une boîte remboursée sur vingt était un générique, la proportion était de 1 pour 4 en 2012 (27 %, soit 689 millions de boîtes et 5,3 milliards de chiffre d’affaires). Elle a même quasiment atteint une sur trois l’année dernière (31 %). Selon le GEMME, en 2014, 790 millions de boîtes auraient déjà été vendues.
Face à ce marché, les laboratoires historiques se sont diversifiés quand de nouveaux acteurs sont apparus. Avec, à la clé, des emplois ciblés, notamment 12 000 emplois industriels et 2 000 emplois liés à la recherche, sur un peu moins de 60 sites de production répartis dans toute la France. Soit près de 5 % des 300 000 emplois directs ou induits que comptait, à la fin de 2012, l’industrie du médicament. La majorité des génériques vendus en France (55 %) est produite sur le territoire national, 44 % étant fabriqués dans d’autres pays de l’Union européenne et 4 % hors Europe.
Une logique nouvelle
Le poids des sous-traitants dans la production des génériques est un autre effet du développement de ce marché. Dans une évaluation dressée voici deux ans sur la politique des génériques, l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) avait relevé un « recours massif à la sous-traitance » de l’industrie pharmaceutique, « particulièrement marquée pour la fabrication des médicaments génériques ». Sur un marché dont « la rentabilité est dictée par les volumes », toujours selon l’IGAS, « les taux de cette rentabilité s’établissant à des niveaux faibles et bien inférieurs à celui de la moyenne du secteur pharmaceutique », les sous-traitants, et leurs quelques 6 000 emplois, répartis sur 230 sites en France, sont venus modifier en profondeur la logique intégrative qui prévalait jusque là au sein des laboratoires.
Risque élevé de délocalisation (IGAS), progression de la sous-traitance, en même temps qu’une augmentation continue des génériques quand le marché global du médicament se contracte… Le marché des génériques révèle, autant qu’il en est une des causes, une restructuration en cours de l’industrie pharmaceutique.
Un mouvement qui devrait s’accélérer si l’on reprend le constat que vient tout juste de dresser la Cour des Comptes : « En France, moins d’une boîte remboursable sur trois est générique, alors que cette proportion s’élève à plus de trois boîtes sur quatre dans d’autres pays européens, comme l’Allemagne et le Royaume-Uni. » Une réalité qui existerait « au détriment (des) finances sociales [hexagonales] ». Où se trouve la marge de progression du générique ? La question se pose quand on sait que les économies engendrées par la tombée de brevets dans le domaine public, déjà en nette diminution, vont mécaniquement chuter.
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