Avant de bénéficier d’une autorisation de mise sur le marché, les génériqueurs se contentent de produire un test de bioéquivalence. Un test réalisé in vivo, non sur des patients, mais sur quelques volontaires, jeunes et en bonne santé. Ainsi résumée, la procédure d’AMM des génériques peut sembler légère. Mais ce serait oublier qu’avant de signer l’autorisation, le directeur général de l’ANSM va également passer au crible un ensemble de données pharmaceutiques qui garantissent, avec la même méthode d’évaluation que celle exigée pour les autres médicaments, la qualité, la sécurité et l’efficacité d’emploi du générique.
Deux dossiers sont successivement examinés ; le premier doit prouver que le médicament présente la même composition en qualité et en quantité de principe actif que le produit de référence. La similarité de structure est vérifiée à l’aide de tests physico-chimiques (polymorphisme, granulométrie, profils de dissolution in vitro, pH, viscosité, propriété de surface). En cas de différence, le laboratoire doit avancer des arguments de sécurité et d’efficacité.
Des données toxicologiques sont aussi évaluées pour contrôler les impuretés, le taux d’impureté du générique, à l’issue des mêmes procédures de cristallisation et chromatographie, ne pouvant être supérieur à celui du princeps. Là encore, les exigences qui s’appliquent aux génériques sont les mêmes que celles fixées pour les princeps, avec le recours aux mêmes méthodes de purification (cristallisation, chromatographie, etc.)
Des tests spécifiques
À ces règles communes s’ajoute une spécificité pour l’AMM des génériques. C’est le dossier biopharmaceutique, avec la démonstration sur un groupe de sujets sains de la bioéquivalence avec les princeps. Y sont évalués deux paramètres pharmacocinétiques, la concentration maximale en principe actif observée dans le plasma après administration orale de la molécule (Cmax) et sa vitesse d’absorption (Tmax, ou AUC). Pour que les deux formulations soient considérées comme bioéquivalentes, il faut que les intervalles de confiance de Cmax et d’AUC soient inclus dans la fourchette d’acceptation 80 %-125 %. C’est l’EMA (Agence européenne du médicament) qui a fixé le schéma expérimental de ces tests, sous forme d’essai croisé : dans un groupe de volontaires sains le plus homogène possible (âge, sexe, corpulence, tabagisme, alcool), chaque sujet est son propre témoin, le médicament générique et le princeps lui étant administré à jeun.
Enfin, vérification est faite que le princeps a bien obtenu une AMM, qu’il est commercialisé depuis huit ans au moins en France ou dans un autre pays européen et que son principe actif correspond à un groupe du répertoire des génériques.
Article précédent
La preuve par le process
Article suivant
Le marché français reste un nain
PLFSS, loi de santé, CIMAP... : à quelle sauce les pouvoirs publics mangent-ils le générique ?
Un sport bien français
Toujours des promesses d’économies
La preuve par le process
Quelle procédure d’autorisation de mise sur le marché ?
Le marché français reste un nain
Biosimilaires : semblables et non identiques
Trois genres pour un principe
Tout sur les excipients
Petit poids devenu lourd
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque