«C’EST LA PREMIÈRE FOIS fois qu’un candidat vaccin permet de réduire le risque d’infection par le VIH chez l’homme » a souligné le Général Eric Schoomaker, médecin-chez de l’armée américaine.
Même si les résultats qui révèlent une efficacité vaccinale permettant de prévenir un tiers des nouvelles infections par le VIH sont caractérisés de « modestement protecteurs », ils instillent un nouvel espoir dans le champ de la recherche et démontrent pour la première fois la preuve du concept qu’un vaccin protecteur contre le VIH est possible.
Deux vaccins différents.
L’essai clinique Thaïlandais de phase III (RV 144) avait pour objectif de tester la stratégie de primovaccination/rappel qui combine deux vaccins différents (le but étant de stimuler davantage la réponse immunitaire). Le vaccin utilisé en primo-injection, est le vaccin ALVAC-HIV (ALVAC vCP1521) développé par Sanofi Pasteur. Celui utilisé pour l’injection de rappel, AIDSVAX (AIDSVAX B/E gP120) a été développé par VaxGen (et la licence a ensuite été cédée à Global Solutions for Infectious Diseases). Ces candidats vaccins ont été élaborés en tenant compte du sous-type viral E présent en Thaïlande, ainsi que du sous-type B fréquent en Europe et aux États-Unis.
Cette étude de phase III, dite aussi de preuve de concept, qui a commencé en 2003, a été conçue pour tester la capacité de la stratégie à prévenir l’infection par le VIH, ainsi que sa capacité à réduire la charge virale chez les sujets infectés au cours de l’étude.
Un total de 16 395 volontaires, hommes et femmes séronégatifs, âgés de 18 à 30 ans, informés du protocole et de ses risques potentiels ainsi que des méthodes de prévention, ont participé à l’étude. La moitié d’entre eux ont reçu le placebo. Chaque vaccination s’est effectuée sur une période de 6 mois. Le candidat ALVAC-HIV a été administré en 4 injections et AIDSVAX en 2 injections. Les sujets ont ensuite été suivis pendant 3 ans, avec des visites tous les six mois pour subir les tests VIH et recevoir des conseils sur la façon de prévenir l’infection.
3 ans et demi de suivi.
Au cours de cet essai, il y a eu peu de nouvelles infections. Un total de 125 personnes ont contracté le VIH ; 51 dans le groupe des 8 197 individus qui avaient reçu les candidats vaccin et 74 dans le groupe le placebo (n = 8 198). C’est ainsi qu’à 3 ans et demi de suivi, on constate une diminution du risque de 31 %. Dans le groupe des sujets infectés, on ne distingue aucune différence de charge virale selon qu’ils ont eu le vaccin ou le placebo.
Ces résultats revêtent une importance toute particulière pour la conception de nouveaux vaccins contre le VIH et la façon de les évaluer. Mais il est nécessaire de poursuivre les recherches pour expliquer par quels éléments immunologiques ce protocole de vaccination a agi, l’absence de différence de charge virale entre les deux groupes et l’impact pour élaborer d’autres candidats vaccins.
L’OMS en profite pour rappeler qu’un vaccin efficace, lorsqu’il sera disponible, restera inclus dans la stratégie globale de prévention du VIH qui comprend les interventions pour limiter les pratiques sexuelles à risque, l’utilisation correcte des préservatifs, le traitement efficace des IST, la circoncision dans les régions où la prévalence du VIH est élevée, la prévention chez les utilisateurs de drogues injectées, la prophylaxie post-exposition par les antirétroviraux et la prévention de la transmission dans le cadre des soins médicaux.
L’étude a été menée par le ministère de la Santé de Thaïlande, et financée par le service de santé de l’armée américaine et la division sida du NIAID américain (National Institute for Allergy and Infectious Diseases). Les résultats détaillés seront présentés le mois prochain lors de la conférence internationale sur le vaccin « AIDs Vaccine 2009 » qui se tiendra à Paris du 19 au 22 octobre.
Article précédent
Quelles méthodes de triage ?
Editorial : L’espoir d’une politique de santé ambitieuse
En France, les vaccins victimes de la frilosité du public
Evaluation des schémas coût-efficaces
La réponse naturelle du virus à son hôte
L’épidémiologie des lésions évolue
Retour sur les études vaccinales
Une efficacité confirmée à 54 mois
Une expérience au Québec
L’autoprélèvement, une alternative efficace
Les promesses de la vaccination thérapeutique
Vers la désescalade thérapeutique
Quelles méthodes de triage ?
Des résultats encourageants
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes