Après la notable réorganisation des recommandations sanitaires 2013 pour les voyageurs dans le but d’optimiser la consultation par les professionnels de santé, l’édition 2014 ne devrait pas subir de changements majeurs.
« La principale nouveauté, réside en l’apparition d’un chapitre "santé publique" qui insiste sur le risque d’importation de pathologies dans les pays développés », notamment en matière d’arboviroses (dengue, chikungunya…) ou de maladies à transmission respiratoire (coronavirus, grippe aviaire, tuberculose pharmaco-resistante ou ultra-résistante…), résume le Pr Éric Caumes président du Comité des maladies liées aux voyages et des maladies d’importation au HCSP, qui exerce par ailleurs au service de maladies infectieuses de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière (Paris). « Le vrai problème à souligner cette année se situe surtout au niveau de l’expansion des arboviroses… La dengue est par exemple arrivée à Madère, le zykavirus s’est étendu à la Polynésie française et à la Nouvelle Calédonie. À noter également l’arrivée du Chikungunya aux Antilles et en Guyane », constate-t-il.
Hépatites, typhoïde, rage...
En matière de vaccination du voyageur, les recommandations restent les mêmes : outre la mise à jour des vaccinations du calendrier vaccinal (diphtérie, tétanos, polio, coqueluche, rougeole…), trois types de vaccination doivent être considérés dans le cadre d’un voyage. « L’hépatite A chez toutes les personnes qui ne sont pas immunisées, la vaccination contre la fièvre jaune, obligatoire en Afrique et en Amérique intertropicale, ainsi que d’autres vaccinations pouvant varier selon le lieu et les circonstances du voyage, comme l’Hépatite B, la typhoïde, l’encéphalite japonaise, la rage, le méningocoque… », précise le Pr Caumes. Pour établir, le programme de vaccination, « il faut surtout savoir s’y prendre très en amont pour les rappels de certaines vaccinations qui nécessitent plusieurs injections. S’y prendre 10 jours avant le départ, cela ne suffit pas », souligne le Pr Caumes.
Le généraliste peut prendre en charge l’ensemble des vaccinations du voyageur sauf celle contre la fièvre jaune qui doit être pratiquée dans un centre spécialisé. Toutefois, certains cas peuvent s’avérer compliqués en fonction du terrain du voyage, notamment s’agissant de la femme enceinte, des enfants, des patients atteints de VIH, des transplantés d’organes, des polypathologiques ou des personnes âgées. « Un généraliste peut tout faire mais s’il rencontre des cas un peu trop compliqués, il ne doit pas hésiter à passer la main, d’autant qu’il existe des centres de vaccination internationaux partout en France », indique le Pr Caumes.
Vacciner et dépister
Au niveau des recommandations sanitaires pour les voyageurs, la principale marge de progression se situe surtout au niveau de la chimioprophylaxie du paludisme. « Elle n’est pas encore assez bien suivie, probablement du fait d’un problème de coût », considère le Pr Caumes.
Dans le champ de la médecine du voyage, le rôle du médecin est amené à s’élargir par rapport au triptyque classique (vaccination, paludisme, hygiène), en intégrant la problématique du dépistage notamment dans l’hépatite B, l’hépatite C ou même le VIH. « Le rôle du médecin généraliste, c’est de profiter de toutes les occasions pour dépister contre des maladies infectieuses chroniques, dont on sait maintenant que prises en charge précocement, le pronostic s’avère remarquable. L’hépatite B ou l’hépatite C sont de très bons exemples en la matière », souligne le Pr Caumes.
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