La randonnée n’est pas qu’une simple marche prolongée. C’est une véritable activité sportive. Tandis que certains randonnent en dilettante, d’autres se licencient à la Fédération française de la randonnée pédestre (FFRP).
Celle-ci encadre, surveille, assure l’activité de ses licenciés. Mieux protégés, ils sont moins à risque d’accidents en montagne. Cependant, cet encadrement reste complémentaire d’un suivi médical, et d’une prévention en amont par le médecin traitant. Le Dr Sophie Duméry, membre de la commission médicale de la FFRP, insiste sur ce point : « Notre terrain de jeu c’est de prévenir le licencié sur la faune et la flore, mais la connaissance des performances physiques du sujet relève du médecin traitant. » Car si la marche dispose d’une aura positive dans la prévention cardiovasculaire, l’évaluation médicale reste indispensable : « Nous avons besoin de connaître les limites des performances de nos licenciés afin d’adapter le parcours à leur santé », rappelle le Dr Duméry. Qui ajoute : « C’est la randonnée qui s’adapte à l’homme et non l’homme qui s’adapte à la randonnée. »
Terrain accidenté
Si les inquiétudes de la FFRP sont celles-ci, c’est que la population de licenciés est composée de personnes du 3e âge : « Les deux tiers de nos randonneurs sont des femmes qui ont la soixantaine. » Et avec l’âge, vient son lot de pathologies chroniques parfois invalidantes.
Sur les rares décès survenus chez des licenciés en pleine randonnée – 31 entre 2007 et 2013 – les deux tiers résultent d’un accident cardio-vasculaire, selon le Dr Duméry. Beaucoup plus rares : les accidents liés à une chute, les incidents des membres inférieurs (entorse et fracture) et enfin ceux affectant les membres supérieurs (fracture de Pouteau Colles). Sur l’année 2013, seulement 2,8 accidents pour 10 000 licenciés ont été comptabilisés. Ainsi, « nous ne pouvons pas dire que la randonnée induit en elle des pathologies ». Les autres risques de la marche étant plutôt secondaires à un conflit avec le matériel ou avec l’environnement (ampoules, coups de soleil, insolations, allergies en mars-avril, etc.). En revanche, l’effort, à proprement parler, peut être source de difficultés, de même que le dénivelé pour les sujets arthrosiques. « Passé 85 ans, les gens ont des réductions naturelles de leurs performances articulaires, fait remarquer Sophie Duméry. D’où la nécessité pour les licenciés de connaître leurs limites, de l’amplitude articulaire à la fréquence cardiaque maximale ». Selon elle, « nos confrères sous-estiment et méconnaissent la physiologie de l’effort. Ils incitent les patients à marcher pour lutter contre la sédentarité, mais ils oublient la notion de limites ».
Refus de certificat
Du haut de son poste à la commission de la FFRP, le Dr Duméry constate amèrement que « de plus en plus de médecins refusent de rédiger un certificat de non contre-indication à la pratique ». Ce certificat, demandé pour tout randonneur licencié à la FFRP implique un bilan de santé global : « C’est l’occasion de bien connaître son patient et de pratiquer une médecine préventive. Que le patient devienne son propre médecin, tel est l’objectif. » Car, à l’instar des autres activités sportives, la randonnée exige une bonne connaissance de soi. Les sujets porteurs de maladies cardio-vasculaires peuvent, par exemple, se doter d’un cardiofréquencemètre pour apprendre à surveiller leur fréquence cardiaque. Un détail qui peut éviter bien des ennuis. « Le milieu sportif est responsable, très prudent et soucieux de bien vivre », souligne le Dr Duméry. Si ces précautions sont valables pour les randonneurs licenciés, elles ne le sont pas moins pour les randonneurs du dimanche. Comme le relève Sophie Duméry, « le sport doit être une jouissance ».
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