« Le capital solaire ou soleil est une construction de l’esprit qui traduit les possibilités non infinies d’absorption des UV par la peau, souligne le Dr Isabelle Rousseaux. Les UVB induisent des mutations de gènes directement dans la cellule, tandis que les UVA, indirectement mais sûrement, la dégradent en “polluant“ son environnement. » Les mélanocytes de la couche basale de l’épiderme se mobilisent donc pour faire face à ces agressions répétées, plus ou moins efficacement selon le phototype, clair à foncé.
En plus d’un vieillissement prématuré (“photoinduit“) avec son lot de rides et de taches, témoin fidèle de ce que la peau a subi de rayonnements tout au long de la vie, le risque est plus grand de survenue d’un mélanome, mortel une fois sur cinq, et/ou de carcinome, épidermoïde ou, plus rarement, spinocellulaire.
Avatar des coups de soleil pris dans l’enfance, le mélanome apparaît sur ou plus volontiers (6 fois sur 10) en dehors d’un grain de beauté (souvent sur une jambe pour les femmes, le tronc chez les hommes). Lésion émergente ou nævus qui « tourne mal », cinq critères, ABCDE pour simplifier, suffisent à rassurer… ou à douter, et l’œil d’un professionnel est alors indispensable, rapidement. Ces signes doivent alerter : A comme Asymétrie (les deux moitiés du grain de beauté sont différentes), B comme Bords irréguliers (festonnés), C comme Couleur inhomogène (de différentes couleurs, noir, marron, rosé, etc.), D comme Diamètre (de plus de 6 mm) et surtout E comme Évolutivité (cette tâche pigmentée change d’aspect, taille, relief et couleur, rapidement).
Des conseils éclairés
En tête des bonnes pratiques de soleil, figure la modération : pas (ou très peu) d’exposition entre 12 et 16 heures. « Les crèmes n’autorisent pas une exposition prolongée, rappelle le Dr Rousseaux, elles protègent simplement la peau des effets du soleil et ce, pour un temps limité, d’autant que la dose préconisée, 2 mm d’épaisseur, y compris sur les oreilles, le dos des jambes et des pieds, etc., est loin d’être respectée. » Pour épargner l’environnement aussi (et les coraux en particulier), les produits solaires ne doivent contenir ni filtre synthétique allergisant ou toxique peut-être, ni alcool (photosensibilisant), ni nanoparticules.
Conformément à la réglementation européenne, la protection vis-à-vis des UVA est au moins égale au tiers de la protection vis-à-vis des UVB, et le FPS (facteur de protection solaire) choisi en fonction du phototype et des conditions d’ensoleillement, entre 30 et 50+, les peaux les plus fragiles, des phototypes 1 (peau blanche de roux), relevant du 50+ uniquement. Plus sûrs encore, le chapeau, à larges bords (nuque et yeux sinon en péril), les lunettes de soleil (normées CE), voire un tee-shirt (à tissage serré et de couleur foncée).
Les médicaments, ou plutôt alicaments, à base de bêta-carotène et différents antioxydants (dont le sélénium et la vitamine E), viennent en renfort des systèmes naturels de défense. S’ils n’empêchent pas les coups de soleil, ils peuvent être utiles (en sus d’une exposition plus raisonnée, progressive) pour éviter une lucite, conséquence d’un excès de soleil qui sature les mécanismes d’adaptation de la peau. Parce que le soleil, mais aussi la lumière du jour, sont pigmentogènes, il est conseillé de les prendre de mai à septembre.
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