Le Covid-19 vu de Nouvelle-Zélande : « Mes confrères ont eu du mal à y croire »

Publié le 10/04/2020

Dans le cadre d’un dossier, Le Généraliste a interrogé des médecins de famille du monde entier pour savoir comment ils vivent la pandémie de coronavirus. Voici l’un des témoignages.

"Après deux ans passés en Australie, nous avons déménagé il y a deux ans en Nouvelle-Zélande, dans la péninsule du Coromandel. J’y exerce dans un cabinet privé en tant que salariée. Ici, les gens paient leur médecin mais ne sont remboursés que s’ils ont une mutuelle et les médicaments sont gratuits dès lors que les dépenses dépassent 50 dollars par an. Il existe aussi des cabinets subventionnés par l’État. 

Concernant le coronavirus, il y a un peu moins de 1 000 cas et, pour l’instant, un seul mort. Nous savons pour l’instant très peu de choses au niveau de la région du Waikato, où nous vivons. Il y aurait eu une dizaine de cas dans la ville principale d’Hamilton. Le deuxième cabinet de Thames, où j’exerce, se vante d’avoir fait 70 tests dont 10 positifs, mais cela n’a pas été confirmé officiellement. Pas loin de chez nous, à Matamata, il y a eu un cluster avec 13 cas car des gens sont allés fêter la Saint-Patrick dans un des bars de la ville alors que c’était déconseillé. Le confinement est en place depuis le 25 mars mais les frontières ont été fermées une semaine plus tôt, dès les premiers cas. Ici, les autorités disent assez poétiquement qu’il faut « rester dans sa bulle ».

Prélèvements au cabinet Mes confrères néo-zélandais ont tout de même eu du mal à y croire au début. J’ai dû leur dire : « vous savez, en France ça chauffe ». Désormais, nous avons reçu des instructions claires pour la prise en charge des patients. Dans chaque cabinet, on a la possibilité de faire des prélèvements pour les tests et de les envoyer au laboratoire. J’en réalise à peu près trois par jour mais pour l’instant, tous sont revenus négatifs. Selon les recommandations, je prélève tous ceux qui présentent des symptômes.

Précautions majeures Nous avons toutes les protections requises : surblouse, masque, lunettes, gants, et nous avons loué une petite cabine portable installée sur le parking pour y traiter les cas suspects. Personne ne peut rentrer au cabinet sans avoir appelé avant. Nous faisons un maximum de téléconsultations mais recevons tout de même sur place pour la vaccination, car nous arrivons en plus dans la saison de la grippe hivernale. Heureusement, il fait encore beau, donc on vaccine dehors. Les gens viennent dans leur voiture et repartent sans même en être descendus. Avec notre attirail de protection sur le parking, on se croirait dans un film. Il ne nous manque plus que le thermomètre frontal laser !"

Propos recueillis par Camille Roux

Source : lequotidiendumedecin.fr