La dysfonction érectile (DE) concernerait près d'un quart des hommes de plus de 50 ans. Or c'est un sujet dont ils parlent peu spontanément. « Comme le préconise l’ Association inter-disciplinaire post-universitaire de sexologie, la qualité de la vie sexuelle doit faire partie de tout interrogatoire médical à partir de 45/50 ans », insiste le Dr Béatrice Cuzin (urologue et sexologue, CHU de Lyon). Et ce d'autant plus qu'il existe une pathologie ou un terrain à risque cardio-vasculaire, une anomalie métabolique, des troubles mictionnels ou neurologiques dont on sait qu'ils sont souvent associés à des problèmes d’érection.
En effet, l'hypertrophie bénigne de la prostate multiplie par deux le risque de dysfonction érectile, entraîne une baisse de la libido et de la satisfaction sexuelle, des troubles de l'éjaculation, d'autant plus volontiers qu'il existe des troubles mictionnels. Inversement, des problèmes d’érection doivent faire rechercher une symptomatologie urinaire.
Par ailleurs, le lien entre dysfonction érectile et pathologie cardio-vasculaire est maintenant clairement établi. Ainsi, le risque de DE est multiplié par quatre chez les patients atteints de maladie cardio-vasculaire (par 5,5 s’ils fument), par trois chez les diabétiques, et par 1,6 chez les hypertendus. Cette pathologie de l’érection est à la fois un marqueur précoce de la maladie cardio-vasculaire et un facteur prédictif d’événements graves dans un futur proche, qu'il s'agisse d’infarctus, d’AVC ou d'artérite.
La vie sexuelle du patient porteur de maladies chroniques
Quelle attitude doit avoir le médecin ? Il existe un consensus fort sur la nécessité d'interroger l'anxieux ou le dépressif sur sa sexualité ainsi que de rechercher un épisode de dépression derrière toute difficulté sexuelle. Quant à la responsabilité des traitements antidépresseurs dans les problèmes d’érection, il reste toujours difficile de faire la part des choses en l'absence d'évaluation pré-thérapeutique des fonctions sexuelles.
Plus globalement, il faut s'enquérir de la vie sexuelle des patient atteints de pathologies chroniques, qui fragilisent l'individu vis-à-vis d'éléments importants de son identité, comme sa sexualité.
Le bilan paraclinique se limite, hors signes d'appel, à un bilan glucidique et lipidique s'il date de plus de deux ans, associé à une NFS, un ionogramme, une créatininémie et un bilan hépatique s’ils n'ont pas été réalisés depuis 5 ans. Vis-à- vis de la recherche d'une éventuelle carence androgénique, il existe deux attitudes. Certains ne dosent la testostérone que lorsqu'il existe des symptômes évocateurs, essentiellement des troubles du désir ; d'autres proposent systématiquement ce dosage devant toute dysfonction érectile au-delà de 50 ans. Le pharmaco-écho-Doppler pénien dont l'objectif est de préciser l'origine vasculaire ne doit plus être demandé en première intention et n'est plus remboursé que dans certaines indications, en cas d'échec des inhibiteurs des phosphodiestérases de type 5. « Il a peu de valeur ajoutée dans la mesure où la dysfonction érectile est généralement multifactorielle, où aucun geste de revascularisation n'est possible, sauf exceptions, au niveau pénien et où il n'a aucun intérêt pronostique », rappelle le Dr Cuzin.
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