Au-delà des gestes de revascularisation et des traitements pharmacologiques, les interventions sur le mode de vie, plus banales et souvent plus difficiles à mettre en œuvre, peuvent contribuer très largement à diminuer le risque cardiovasculaire. Plusieurs contributions présentées à l’ESC 2012 pointent ces facteurs de risque modifiables, comme l’insomnie et l’obésité centrale.
« Dormez-vous bien ? ». La question devrait dorénavant faire partie de l’interrogatoire standard d’une consultation de cardiologie. C’est ce que suggère l’auteur d’une contribution qui, une fois de plus, incrimine l’insomnie dans le risque cardiovasculaire.
Il s’agit cette fois d’une méta-analyse compilant 16 études prospectives soit 122 051 patients et 6 332 événements cardiovasculaires recensés.
Les résultats montrent que les patients qui ont des troubles de l’endormissement ou des éveils nocturnes ont un risque augmenté de 45 % d’événements cardiovasculaires par rapport aux bons dormeurs, avec une différence très statistiquement significative (p‹0,00001).
Un rapport taille/hanche élevé plus délétère que l’obésité
Il n’y a pas que le sommeil qui est pointé du doigt. L’obésité abdominale dont on parlait moins, réapparaît comme facteur de risque. Dans une étude de la Mayo Clinic, les investigateurs ont stratifié 12 785 patients en trois catégories selon les valeurs de l’IMC (normal, surpoids et obésité) et en deux groupes selon que le rapport taille/hanche (RTH) était supérieur ou inférieur à 0,85 pour les femmes et 0,90 pour les hommes.
En considérant comme référence un IMC et un RTH normal, l’étude montre que le risque de mortalité cardiovasculaire est 2,75 fois plus élevé chez ceux qui ont un IMC normal mais un RTH élevé ; à l’inverse, les sujets obèses dont le RTH est normal, ont un risque moindre, augmenté de 1,41. Quant aux patients obèses avec un tour de taille élevé, le risque devient intermédiaire, multiplié par 2,34.
Diminuer le risque d’hypertension artérielle
Enfin, une troisième étude insiste elle aussi sur le mode de vie : adopter un mode de vie sain réduit d’un tiers le risque d’hypertension artérielle.
L’équipe de Pekka Jousilathi, du National Institute of Health, à Helsinki ont recueilli des informations sur le mode de vie de 21 067 personnes ayant participé à des études observationnelles et pour lesquelles le début d’un traitement antihypertenseur était noté. Les questions portaient sur 4 facteurs de risque modifiables, la consommation d’alcool, l’activité physique, l’obésité et la consommation de légumes, alors que la consommation de tabac qui n’apparaît pas en lien avec la survenue d’une HTA n’était pas relevée.
Chez les patients qui sont intervenus sur ces 4 facteurs modifiables, le risque d’HTA était diminué de 67 % chez les hommes et de 63 % pour les femmes. Pour ceux qui ne modifiaient que 3 facteurs, le risque diminuait de 66 % chez les femmes et 59 % chez les femmes et respectivement de 49 % et 32 % lorsque 2 des 4 facteurs étaient modifiés. Enfin, pour les plus résistants aux changements, qui n’en ont modifié qu’un seul, les pourcentages chutaient à 26 % pour les femmes et 11 % pour les hommes.
« Nos résultats sont autant de messages pour adopter un style de vie sain dont les effets sont additifs, en particulier sur le risque d’hypertension » a déclaré Pekka Jousilathi.
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