Des premiers résultats de NAXOS, étude observationnelle sur l’efficacité et la sécurité d’utilisation des anticoagulants oraux directs (AOD) prescrits chez les patients en fibrillation atriale non valvulaire (FANV) avaient été présentés lors du dernier congrès de la Société européenne de cardiologie. Cette étude, qui collige les informations collectées par le système national des données de santé, a inclus un très grand nombre de patients, plus de 440 000, dont une part importante de sujets âgés, qui sont souvent exclus des études.
Plus de 100 000 patients âgés de 80 à 89 ans
Les résultats rapportés par le Pr Olivier Hanon (Paris) concernent les 103 000 sujets âgés de 80 à 89 ans, nouvellement traités par un anticoagulant pour une FANV. Sur ce total, plus de 40 % des patients reçoivent des antivitamines K (43,7 %), l’étude ayant débuté avant que les nouvelles recommandations ne placent les AOD également en première intention. La fluindione est alors le principal traitement prescrit (deux tiers des patients).
Un quart des sujets environ sont traités par apixaban (26,4 %), un quart par rivaroxaban (24,3 %) et 5,6 % par dabigatran. Si l’on s’intéresse aux doses prescrites, elles ne sont pas toutes en phase avec les recommandations : apixaban 2,5 mg dans deux tiers des cas et 5 mg dans un tiers des cas, rivaroxaban 10 mg chez près de 5 % des patients, 15 mg dans 58 % des cas et 20 mg dans 36 % des cas, dabigatran 75 mg dans 4 % des cas, 110 mg dans 89 % des cas et 150 mg pour 7 % des patients.
Supériorité d'efficacité pour l'apixaban versus AVK et rivaroxaban
Les caractéristiques « brutes » de ces sujets âgés différaient selon le traitement prescrit, ceux sous AVK ayant notamment plus de comorbidités, en premier lieu une insuffisance cardiaque, suivie du diabète et de la dénutrition. Pour pouvoir comparer l’efficacité et la sécurité d’utilisation de ces différents anticoagulants oraux, les auteurs de l’analyse ont ajusté les cohortes de patients sur les comorbidités. Après ajustement, l’apixaban permet de réduire significativement le risque du critère primaire d’efficacité (AVC et événements thromboemboliques systémiques) comparativement aux AVK (HR = 0,62) et au rivaroxaban (HR = 0,83). Il n’y a pas de différence significative entre l’apixaban et le dabigatran.
Pour la sécurité, l’apixaban est significativement supérieur aux AVK et au rivaroxaban, avec une diminution respectivement de 55 % et de 40 % du critère d’évaluation (risque de saignement majeur). Là encore, les auteurs n’ont pas mis en évidence de différence significative entre l’apixaban et le dabigatran. Enfin, les décès de toutes causes ont été moindres sous apixaban que sous AVK (HR = 0,49) et sous rivaroxaban (HR = 0,89), comparables entre apixaban et dabigatran.
Les arrêts de traitements ont été de 44 % sous AVK, de 19 % avec l’apixaban, de 27 % avec le rivaroxaban et de 28 % avec le dabigatran.
« Il s’agit d’une étude observationnelle, donc ses résultats doivent être interprétés avec précaution », a rappelé le Pr Hanon, en soulignant notamment que malgré l’ajustement entre les cohortes, les patients sous AVK avaient un score de Charlson (comorbidités) un peu plus élevé que ceux recevant de l’apixaban. D’autres analyses sont en cours, en particulier dans le sous-groupe de patients très âgés, riche de 27 728 sujets de 90 ans et plus.
D’après la communication du Pr Olivier Hanon, Paris.
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